Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui participait à la réunion de pays occidentaux et arabes, de la Turquie et l'Union européenne, a qualifié le conflit syrien de «pire catastrophe depuis la Seconde Guerre mondiale». Appuyée militairement par les Russes et les Iraniens et le Hezbollah, l'armée syrienne était sur le point hier de reprendre totalement le contrôle d'Alep, le principal front du conflit. Elle a intensivement pilonné les derniers quartiers rebelles. Bachar Al Assad et ses alliés contrôlent désormais 85% des quartiers que les insurgés et autres groupes armés, dont certains sont classés terroristes, tenaient avant le lancement, le 15 novembre, de l'offensive de l'armée syrienne. Acculés dans leur dernier carré, les «rebelles» ont tiré des roquettes sur les quartiers pro-régime, tuant neuf civils. Le conflit syrien a déjà fait 300 000 morts. La Russie a affirmé que l'offensive d'Alep ne cesserait qu'après le départ de tous les «bandits», en allusion aux rebelles et aux membres de groupes terroristes qui pullulent dans la région. Pour de nombreux observateurs, la perte par les «rebelles» de leur principal bastion en Syrie semble inéluctable et marquerait un tournant dans la guerre. Prise à la gorge, l'opposition syrienne cherche désormais à conclure un deal avec Bachar Al Assad à n'importe quel prix pour desserrer l'étau de l'armée syrienne. Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a indiqué à ce propos, hier à l'issue d'une réunion internationale sur la Syrie à Paris, à laquelle participait le représentant de l'opposition, Riad Hijab, que l'opposition syrienne est «prête à reprendre les négociations avec Damas sans pré-conditions». «Il faut définir les conditions d'une vraie transition politique, il faut que des négociations reprennent sur des bases claires dans le cadre de la résolution de l'ONU 2254» fixant la feuille de route pour le règlement du conflit qui a fait plus de 300 000 morts, a déclaré M. Ayrault, ajoutant que l'opposition avait fait part de sa disponibilité à négocier. Les pays occidentaux et arabes ont demandé à la Syrie et la Russie de «laisser sortir les gens» d'Alep. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui participait lui aussi à cette réunion de pays occidentaux et arabes, de la Turquie et l'Union européenne, a qualifié le conflit de «pire catastrophe depuis la Seconde Guerre mondiale». La réunion en question s'est tenue avant une réunion «technique» américano-russe à Genève pour tenter de «sauver Alep d'une destruction absolument totale», selon les termes de M. Kerry. «Un cessez-le-feu, une aide humanitaire et un départ de l'opposition (armée) et des civils d'Alep» y seront évoqués, a précisé le département d'Etat. De son côté, le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a démenti hier l'idée selon laquelle la Russie ne faisait rien pour protéger les civils. Il a annoncé que «le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie a évacué, ces dernières 48 heures, plus de 50 000 personnes des quartiers d'Alep-Est». «Dans la seule première moitié de la journée, plus de 20 000 civils ont quitté les quartiers est de la ville et 1217 combattants ont déposé les armes», a déclaré M. Konachenkov. Et d'ajouter que le retrait des civils avait eu lieu à travers des couloirs humanitaires dans le quartier de Karim El Hun et de Mahayar, dans les zones plus sécurisées de la ville. Concernant les autres fronts, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter, dont le pays dirige une coalition internationale anti-Daech, a annoncé l'envoi en Syrie de 200 soldats supplémentaires pour appuyer les 300 déjà dans le pays pour conseiller une coalition arabo-kurde qui cherche à chasser Daech de Raqqa, sa capitale de facto. Cette coalition, les Forces démocratiques syriennes (FDS), a annoncé la décision de lancer la «seconde phase» de l'offensive, «dont l'objectif est de libérer les territoires à l'ouest de Raqqa et isoler ainsi la ville». Les FDS sont soutenues par les frappes de la coalition internationale qui bombarde depuis 2014 Daech. Sur le front de la province centrale de Homs, l'EI, à la faveur d'une offensive contre l'armée syrienne, est parvenu à la périphérie de la cité antique de Palmyre d'où il avait été chassé en mars.