Le 9 décembre dernier, on marquait en France le 111e anniversaire de la loi portant sur la séparation entre l'Eglise et l'Etat, connue depuis comme «loi sur la laïcité». Depuis quelques années, ce thème revient avec force au devant de l'actualité, surtout depuis que la place de l'islam s'accroît en France. A tel point que le sujet est récurrent dans le discours politique, à droite et à l'extrême-droite de l'échiquier politique, et par capillarité, à tout le corps politique. On va le subir pendant les cinq mois de la campagne électorale qui s'ouvre jusqu'au printemps. Un collectif de personnalités vient de publier un texte de mise en garde. Le texte est publié le 9 décembre dans les colonnes du quotidien L'Humanité. Pour les signataires, «la loi de 1905 est une loi de liberté, qui permet toutes les autres libertés. Elle doit donc être préservée». Et de préciser : «Ce n'est ni une police de la pensée ni une option philosophique parmi d'autres valeurs particulières.» Le décor est planté dès les premières lignes de leur appel : «C'est peu de dire que la laïcité va mal : malmenée, manipulée, vilipendée, on n'ose plus s'affirmer laïque, par peur des amalgames et des contresens. Principe de paix, elle serait devenue sujet de discorde. Principe d'unité par-delà les différences, on lui assigne des fins identitaires. L'extrême droite, de tradition pourtant anti-laïque depuis toujours, veut s'approprier le mot pour mieux distiller son venin xénophobe.» Pour les pétitionnaires, «non, l'islam ne serait pas par nature plus hermétique aujourd'hui à la laïcité que ne l'était le culte catholique en 1905». Cependant, elle met dos à dos le respect de la laïcité et les exigences religieuses qui agissent pour s'en abstraire : «La laïcité n'a pas à s'adapter à une religion, de même qu'aucun croyant ne peut réclamer de droits particuliers. La République est séparée des religions, elle n'a pas à organiser les cultes. Nous, militants laïques, par-delà parfois des divergences d'analyse, en appelons à la constitution d'un front commun autour des fondements de la laïcité républicaine, telle que définie par la loi de 1905. Etre laïc, c'est reconnaître que l'Etat assure en même temps la liberté de conscience – croyant et non croyant – et le libre exercice des cultes.»