Outre l'instance présidentielle, le secrétariat national et le groupe parlementaire du parti sont également minés par des clivages qui rendent l'atmosphère encore plus électrique. Le Front des forces socialistes (FFS) tiendra, vendredi prochain, une session extraordinaire de son conseil national. Convoquée pour officialiser le remaniement du secrétariat national, cette session se tiendra dans un climat interne que des cadres du parti qualifient d'«exécrable». «Jamais le FFS ne s'est retrouvé dans une telle situation», nous confie une source qui suit de très près les affaires du parti. En effet, à la vague de démission des responsables les plus sincères s'ajoutent les différends personnels opposant certains dirigeants en exercice. Tout semble permis dans ce parti depuis le décès du chef historique, Hocine Aït Ahmed : magouilles, coups bas et complots. Cette situation dure depuis plusieurs mois déjà. Mais les rapports entre les membres du parti se sont dégradés davantage depuis octobre dernier. Des documents internes au parti, dont nous avons obtenu des copies, confirment que rien ne va au sein de cette formation. Outre l'instance présidentielle, le secrétariat national et le groupe parlementaire du parti sont également minés par des clivages qui rendent l'atmosphère encore plus électrique. Le principal acteur dans cette situation n'est autre que l'actuel chef du groupe parlementaire, Chafa Bouaiche. Connu pour ses manœuvres nuisibles, comme en témoignent plusieurs cadres du parti, ce dernier, certainement à l'instigation des cousins Baloul, s'attaque au premier secrétaire du parti, Abdelmalek Bouchafa. Convoitant peut-être son poste, le chef du groupe parlementaire s'est plaint de la gestion du premier secrétaire dans un rapport adressé, le 24 octobre dernier, à l'instance présidentielle. Tout en défendant son ami, le député Rachid Chabati, envoyé au siège de l'OTAN avec une délégation officielle, Chafa Bouaiche s'en prend de manière indirecte à Abdelmalek Bouchafa en énumérant de faux problèmes et en s'érigeant en censeur des réseaux sociaux pour priver des militants du FFS de leur liberté d'expression. Il prétend même qu'il est mis à l'écart par le premier secrétaire. «En ma qualité de chef du groupe parlementaire, je n'ai jamais été associé à aucune activité du parti depuis l'installation de M. Bouchafa à la tête du secrétariat national», écrit-il encore. «Allégations mensongères», selon Bouchafa Ce document a suscité une réaction rapide du premier secrétaire du FFS qui, dans un contre-rapport envoyé le 6 novembre à l'instance présidentielle, dénonce tous les mensonges de celui qui fait office de chef du groupe parlementaire. «Je tiens à préciser qu'au lieu de répondre à la demande du secrétariat national dont il relève, il envoie un rapport truffé d'allégations mensongères mettant gravement en cause le premier secrétaire et sa gestion des affaires du parti», indique d'emblée Abdelmalek Bouchafa, qui pointe du doigt, de ce fait, un cas avéré d'«indiscipline» qui n'a pas été traité par la commission de discipline. «Devant ce cas d'indiscipline avérée, je ne peux qu'être révolté face à ces agissements inacceptables d'un chef de groupe parlementaire et cadre dirigeant du parti», ajoute-t-il. Abdelmalek Bouchafa apporte, dans son rapport, 12 précisions qui démentent toutes les «allégations» de Chafa Bouaiche. Il commence d'abord par relever la grave erreur commise par le chef du groupe parlementaire FFS en autorisant un député à aller au siège de l'OTAN, dont la doctrine politique et militaire «est en totale contradiction avec les principes fondateurs du parti». Il cite aussi les insultes de ce dernier envers «des camarades du conseil national du parti». Qui le protège ? Dans quel objectif ? «Il est utilisé par les cousins Baloul contre tous les cadres qui refusent de se soumettre à leur autorité», soutient un ancien cadre du parti, précisant que le but est de pousser tous les cadres «gênants» à la démission pour pouvoir contrôler le prochain congrès. Cette tension risque de s'aggraver vendredi avec l'élimination d'un nombre important des membres du secrétariat national. «Les proches de Rachid Halet et les éléments contestataires ne feront plus partie de l'exécutif du parti», promet un membre du présidium dans une déclaration aux journalistes, samedi dernier.