La crise que vit le Front des forces socialistes ne cesse de révéler des secrets. Chafaâ Bouaïche, chef du groupe parlementaire, cité par Rachid Halet comme faisant partie de «la direction parallèle» qui dirige, selon lui, le parti, s'attaque dans un rapport au premier secrétaire du parti, Abdelmalek Bouchafa, pourtant toujours en poste. Chafaâ Bouaïche, qui se plaint auprès des membres de l'Instance présidentielle de sa marginalisation, reconnaît cependant avoir personnellement choisi et autorisé le député et actuel secrétaire fédéral de Béjaïa de participer à une mission parlementaire au siège de l'Otan. «En ma qualité de chef du groupe parlementaire, je n'ai jamais été associé à aucune activité du parti depuis l'installation de M. Bouchafa à la tête du secrétariat national», écrit-il dans un document datant du 24 octobre dernier. Des parlementaires ont été envoyés dans des wilayas sans qu'«(il) ne soit informé», dénonce Bouaïche, citant au passage le déplacement de Belkacem Benameur et de Nourdine Berkaine à la zaouïa alaouiya de Mostaganem pour prendre part à une activité où a été remis le 1er prix Emir Abdelkader au diplomate Lakhdar Brahimi par le ministre de la Culture. «Je me demande aujourd'hui à quoi servent les rapports dans le parti, sachant que plusieurs ont été adressés par des camarades et n'ont connu aucune suite», s'interroge le chef du groupe parlementaire, pour pointer la défaillance du premier secrétaire. Pourquoi Bouchafa a cédé En lisant, à son époque, le document adressé par Bouaïche aux membres du présidium, il paraît clair que le chef du groupe parlementaire voulait à tout prix la tête de Abdelmalek Bouchafa. Cependant, ce dernier est toujours en poste. Ce qui est «une preuve tangible que le premier secrétaire a cédé dans l'affaire liée à la radiation de Rachid Halet», explique une source bien informée au sein du FFS. Autrement, il aurait été déjà sauté de la tête du secrétariat national. D'ailleurs, la session extraordinaire du conseil national, prévue ce week-end, va d'un côté «confirmer Bouchafa pour services rendus», et de l'autre «approuver une purge déguisée contre les membres du secrétariat proches de Halet». Selon nos sources, «le SN composé de 36 membres sera réduit de moitié pour ne compter que 17 à 20 membres». «Une équipe réduite et efficace pour gérer la campagne électorale des prochaines législatives», avancent les mêmes sources qui ajoutent : «En réalité, il ne s'agira simplement que d'une purge». Rachid Halet, membre de l'Instance présidentielle, avait, rappelons-le, dénoncé «un putsch» au FFS contre sa personne, entrant selon lui dans le cadre d'un processus de normalisation avec le pouvoir en place. «Une démarche que cautionne à présent Abdelmalek Bouchafa», gravement mis en cause dans le rapport que nous détenons par son chef du groupe parlementaire. Comprendre que ce document aurait servi aux membres du présidium comme moyen de pression pour faire avaler à Bouchafa «la radiation anti-statutaire» de Halet. Laquelle radiation vient d'être contestée par le député et ancien premier secrétaire du parti, Ahmed Betatache, qui a donné sa démission au FFS. «La diplomatie parlementaire» En revanche, ce qui est grave dans le rapport de Bouaïche est qu'il reconnaît avoir donné le feu vert au député et actuel fédéral de Béjaïa de participer à la mission parlementaire au siège de l'Otan à Bruxelles. «Je rappelle que le camarade Rachid a été choisi par moi-même, en ma qualité de chef du groupe parlementaire du parti, pour prendre part à cette mission parlementaire», écrit-il, et plus grave encore, allant jusqu'à justifier qu'il s'agit d'«une mission toute banale qui rentre dans le cadre de la diplomatie parlementaire». Depuis quand le FFS, connu pour son opposition radicale et intransigeante aux politiques de l'Otan, trouve-t-il intéressant d'envoyer ses députés au siège de cette organisation ? La question s'impose forcément, à tel point qu'il y a lieu de faire le lien avec les accusations de Rachid Halet qui parle d'«un reprofilage du parti en vue d'un rapprochement probable avec certains segments du pouvoir». En tout cas, les défaillances et dérives énumérées par Bouaïche dont l'épisode du déplacement en France du sénateur Moussa Tamadartaza avec une délégation du Conseil de la nation pour remettre à François Hollande un courrier du président Bouteflika, les rapports «sans suite» de la fédération de Béjaïa et de la commission nationale de contrôle des finances, la diffusion par un membre du secrétariat national d'une vidéo de Khaled Tazaghart ou encore lorsqu'il a été traité par le député du parti Ammar Bounab de «larbin du DRS» prouvent qu'il y a péril en la demeure. Au-delà, nos sources estiment que «plusieurs personnes citées dans ce rapport, réputées pour être proches de Halet, seront éjectées du secrétariat national». Affaire à suivre…