La wilaya de Boumerdès compte 1702 logements sociaux qui tardent à être attribués malgré les réclamations des habitants des chalets et des bidonvilles. A quoi sert de réaliser des logements si on ne les attribue pas à ceux qui en ont le plus besoin ? C'est la question que d'aucuns se posent dans la wilaya de Boumerdès, qui compte 1702 logements publics locatifs (LPL) qui tardent à être distribués depuis plusieurs mois, voire des années. La commune de Khemis El Khechna en compte 800, Corso 253, Hammadi 250, Larbatache 190, Tidjelabine 125, Chabet El Ameur 85. Pourtant, ce ne sont pas les demandeurs qui manquent. Les P/APC et les chefs de daïra sont harcelés à longueur d'année par les membres des familles mal logées. La direction locale du logement fait état de plus de 12 000 chalets et une moyenne de 7000 taudis répartis sur plus de 200 bidonvilles qui ne sont pas éradiqués à travers la wilaya. Les occupants de ces lieux de misère vivent dans des conditions d'un autre âge et sont exposés à de réels risques de maladies, mais les autorités ignorent leur détresse. «Cela fait 22 ans qu'on habite ici. Les services de recensement y sont venus plus de 15 fois, en vain», fulmine un jeune habitant au fameux bidonville Bastos de Bordj Menaïel. En 2007, la direction locale de l'urbanisme et de la construction (DUC) a dénombré à travers la commune 309 habitations de fortune. Un nombre qui aurait doublé depuis. La localité a bénéficié de plus de 5000 logements, dont 737 ont été attribués en 2011. Mais les bidonvillois n'ont bénéficié de rien. Aujourd'hui, la commune compte 1200 unités immobilières achevées, mais leur livraison risque d'être ajournée à cause des retards mis par la DUC pour les raccorder aux divers réseaux. Un problème qui concerne également plus de 6700 LPL à travers les communes de Boumerdès (1000), Issers (600), Zemmouri (600), Boudouaou El Bahri (553), Boudouaou (300), Hammadi (250 +174),etc. En plus de leur dégradation, les appartements achevés sont gardés par des agents de l'OPGI, qui subit des pertes énormes dans ce domaine. Pour un élu à l'APC des Issers, ce problème est apparu depuis qu'on a interdit aux APC de distribuer les logements, cette prérogative étant transférée à une commission présidée par le chef de daïra. Néanmoins, celle-ci et les walis n'ont jamais respecté la loi en vigueur, notamment le décret exécutif n°08-142 du 11 mai 2008. L'article 8 de cette loi stipule que «le wali doit fixer par arrêté les dates de lancement et de clôture des travaux de la commission de daïra ainsi que la consistance du programme des logements à attribuer trois mois avant la date prévisionnelle de la fin des travaux». Ce qui n'a jamais été appliqué dans les faits. Pis encore, le travail de ces commissions a de tout temps été décrié par les citoyens, qui les accusent souvent de partialité. Chose qui s'est vérifiée précédemment à travers le nombre important de pré-bénéficiaires rayés des listes par les commissions de recours de la wilaya. En vérité, les opérations d'attribution sont toujours utilisées comme moyen pour rehausser l'image des responsables auprès des citoyens. Les listes des pré-attributaires sont consultées par le wali bien avant leur affichage, alors que l'article 30 de la même loi stipule qu'elles doivent être «affichées dans les 48 heures qui suivent les délibérations au siège de l'APC et dans d'autres lieux accessibles au public pendant une période de huit jours». Autant de procédures qui ne sont jamais respectées, accentuant ainsi le calvaire des milliers de familles qui vivotent dans des habitations précaires au moment où des appartements neufs sont laissés à l'abandon.