Certains “ratages” commis par la télévision nationale restent franchement incompréhensibles.En l'espace d'une vingtaine de jours,il y en eu trois tellement flagrants qu'ils méritent d'être signalés si tant est que le téléspectateur s'accorde avec nous pour dire que dans ces cas d'espèce la notion de service public a été piétinée de la manière la plus dédaigneuse qui soit.La première incartade a réduit la finale de la musique châabi qui s'est déroulée au mois de ramadhan à un non événement culturel puisque la clôture de cette compétition qui a nécessité de longs mois de préparation et de persévérance n'a pas été retransmise en direct privant ainsi les jeunes talents de s'exprimer, par écran interposé, devant un public national. Ce qui devait être donc l' apothéose d'une manifestation artistique considérée comme une véritable consécration pour les nouveaux interprètes du châabi et sur laquelle le ministère de la culture a beaucoup misé puisque c'est sous sa tutelle que le challenge a été organisé, a finalement viré court, faisant deux victimes de cette déficience télévisuelle:Les artistes d'abord qui s'en sont retournés avec ce sentiment que la télévision leur est étrangère,les téléspectateurs ensuite auxquels on a refusé de montrer les lauréats d'un concours assez exceptionnel.A quoi sert de clamer sur tous les toits que la télévision nationale est au service des algériens, qu'elle appartient à tous les algériens si d'un autre côté, et dans une opportunité aussi exclusive, elle leur ferme sans coup férir les portes.Une finale comme celle du festival châabi—ça aurait pu concerner un autre genre musical—devait normalement constituer une belle affiche de direct pour agrémenter un programme qui manque terriblement de spontanéité. Au lieu de sauter sur l'occasion, l'Unique préfère faire la fine bouche... comme si sa grille regorge d'émissions intéressantes. Peut-on imaginer par exemple la finale du concours Miss France passer sous silence par la télévision française ? Le parallèle n'est pas fortuit. Si ailleurs,le petit écran s'investit pleinement dans la communication culturelle pour répondre aux aspirations du public, chez nous c'est l'itinéraire inverse qu'on semble vouloir prendre avec un excès de zèle mal placé. La preuve,et là on parle de la deuxième désertion de l'Unique,le TNA a accueilli la semaine dernière un autre événement musical exceptionnel, toujours avec le châabi comme élément de base,qui aurait mérité une diffusion plus approprié, en l'occurrence le concert unique intitulé Mandoza't El Gusto, une initiative impulsée par la maison de production Quidam, et pour la réussite duquel la télévision algérienne a pris une part active.Seul le public ayant pu accéder, sur invitation, à la salle du TNA a eu le privilège de vivre des moments de grande intensité musicale faisant ressortir l'âme de ce genre populaire ancestral comme jamais on n'a pu le faire jusque là avec une composition pourtant d'une rare simplicité.Le direct s'imposait là aussi lors de cette soirée originale pour permettre une large diffusion d'un concert qui n'est pas prêt de se reproduire, mais la tété a encore une fois fait faux bond. Il faut dire que dans El Gusto qui traduit un art de vivre algérois à travers une expression typiquement espagnole qui a un rapport avec le goût,le châabi a été revisité par des professionnels venus d'ailleurs lesquels émerveillés par la musicalité sublime contenue dans ce genre,ont décidé de l'exploiter dans ses moindres pulsations pour en faire un produit de dimension internationale.Lorsqu'on sait que derrière le travail se trouve un certain Damon Albarn, célèbre compositeur anglais,leader du groupe Gorillaz, qui s'est déplacé spécialement a Alger pour donner naissance à un album, et également un documentaire, on a une idée précise du gâchis imputé à notre petit écran.Enfin,pour rester dans le registre des demi mesures, on ne terminera pas sans évoquer le... ratage de l'écrivain Yasmina Khadra par l'émission expression Libre qui pour sa reprise d'émission a préféré avoir comme invité l'écrivaine Malika Mokeddem à l'occasion de la sortie de son dernier roman “Mes Hommes”. Rien à dire sur cette rencontre avec un auteur qui fait honneur à la littérature algérienne même s'il vit dans un pas étranger,si ce n'est qu'elle a été conviviale et très instructive sur le combat mené par cette femme pour arracher sa liberté de penser et d'écrire, mais le hic vient du fait que c'est Yasmina Khadra, alias Mohamed Moulessehoul, auteur à succès lui aussi, qui fait l'actualité. Ses propos contres les critiques de la presse nationale ont suscité la polémique.Youcef Saiah aurait dû en tenir compte pour donner plus de consistance à son émission.Dommage.