Voilà donc, notre journal n'a jamais eu tort de dire qu'en matière d'organisation de compétition sportive de grande envergure les pays africains avaient tout intérêt à repasser. Nous avons alors pris soin d'éviter de jeter l'anathème sur un pays précis et c'est loin d'être un tort dans la mesure où, en l'espace de quarante-huit heures, ici et maintenant en Algérie, des organisateurs d'événements ailleurs… ordinaires et exceptionnels… dans le pays, se sont surpassés dans l'improvisation, confirmant dans la foulée leur art de faire compliqué quand c'est d'une simplicité déprimante.Zidane et ses amis ont donc répondu présents à l'appel lancé par l'Association des anciens joueurs algériens sur lesquels se seraient greffés les membres d'une autre association laquelle, semblerait-il, aurait été à l'origine de ce projet sauf que ses animateurs ne sont jamais parvenus à réunir un tour de table en mesure d'assurer la logistique conséquente d'une telle opération. Et qu'à cela ne tienne, la notion de la main tendue étant dans la culture locale, grands seigneurs, les animateurs de l'Association des anciens n'ont pas hésité à les associer à la fête. Malheureusement, à deux dans l'organisation, ils ont plus amplifié le désordre dans le déroulement du rendez-vous. Ils auraient, selon les échos recueillis auprès de confrères, du moins, via leurs prises de bec, permis de mettre à nu de graves divergences qui ne sont pas passées inaperçues, même si nos confrères auraient été traités comme de la valetaille. Et… bis repetita, pour le match d'hier, ceux qui avaient souhaité, voire espéré donner de la voix à la sélection nationale ont vite déchanté, désarmés qu'ils étaient avec leur trois cents dinars certainement laborieusement obtenus pour une grande partie et en se faisant douce violence pour d'autres, devant l'organisation chaotique de l'événement et des voies et moyens à déployer pour obtenir un billet d'accès. Il ne s'agissait là pourtant que d'un match de préparation mais qui n'en témoigne pas moins de l'engouement phénoménal qu'il a suscité, bien avant son déroulement, non seulement auprès des inconditionnels mais aussi de l'ensemble des Algériens d'est en ouest et du nord au sud. Alors rarement camouflet n'aura été aussi strident que celui infligé à ceux qui, excusez du peu, à partir de cinq heures du matin se sont retrouvés autour de l'enceinte du stade du 5 Juillet dans le but d'obtenir un… ticket. Et pour certains de rester sur place pour être sûrs d'accéder aux tribunes et gradins. Quinze heures d'attente pour 90 minutes de bonheur sans doute, et peu importerait le résultat final, n'est-ce pas quand même la plus injuste injure faite à des milliers de gens qui donnent plus qu'ils ne reçoivent. Pis, qui ne recevront jamais rien en retour, exception faite des instants magiques que s'efforceront de leur fournir les joueurs sur le terrain. Autre affreux risque, sur les 56 000 billets vendus, il pourrait y en avoir autant de faux. Ce qui au demeurant n'est pas également à exclure dans la mesure où c'est une pratique locale régulière et coutumière. Chaque week-end et à chaque match de division nationale une, il existe une billetterie parallèle, une pratique connue de tous les responsables gravitant autour des associations sportives et, pis, des instances sportives nationales. Le phénomène est extensible par ailleurs à la division deux. Un confrère a vilipendé les pouvoirs publics pour ne pas avoir songé à la réalisation d'infrastructures à capacité d'accueil répondant à de tels cas d'espèce, ce qui, somme toute, est surréaliste, ces infrastructures ne pouvant que répondre à des normes précises qui ne peuvent être bousculées du fait d'une euphorie ponctuelle.En tout état de cause, c'est au niveau des comportements, des voies et procédures qu'il faudrait appréhender à l'avenir un cas de figure pareil à celui de la rencontre d'hier. Ce qui est à craindre, c'est que, passé la Coupe du monde, aucun enseignement ne soit tiré de toutes les expériences vécues depuis deux ans. A. L.