Aujourd'hui où de redoutables médias/monde nous happent en toutes langues d'Algérie pour donner l'info digest gommée par les médias audiovisuels d'Etat, en particulier sur l'infini chapelet des crimes terroristes, des forces obscures rafistolent le tamis à cacher le soleil. Sans les petits instants de « revue de la presse » des radios nationales, répercutant fugitivement, comme par inadvertance, et en évènements survenant à d'autres peuplades lointaines, l'entendement de ces crimes commis en nos villes et douars et écrasés par l'info télévisée gouvernementale serait quasi totalement laissé au seul traitement des chaînes étrangères. C'est l'un des effets d'autres tirs d'artillerie lourde parvenant au pays. Et qui creusent l'assise du sous développement de l'Algérie à construire son imaginaire sur ces réalités. Des batailles que les capitaines des nouvelles industries culturelles n'hésitent pas à mettre « sur pied de guerre », comme l'affirme ci-dessus le boss de France 24, la CNN française. Dans ce contexte la lourde condamnation prononcée par le Tribunal d'Alger à l'encontre de l'éditeur du quotidien Echourouk (le second tirage des journaux du pays) et sa journaliste auteur d'un reportage sur les visées expansionnistes du colonel Kadafi ne peut relever d'une énième et fantasque péripétie de guerres des sables affectionnées par le Guide libyen. On ne peut en sourire : un journal risque de disparaître pendant deux mois et deux journalistes emprisonnés pendant six autres. Et c'est un mauvais coup de trop porté à la justice algérienne, cette fois-ci peut-être de l'extérieur. L'exécution du procès – en une seule audience, à la hussarde – n'a même pas permis l'audition des témoins touareg cités, comme instamment demandée par la défense. Il n'y a pas si longtemps, pour une affaire impliquant à Paris fils aîné - successeur, et dont se sont gaussés à fond des journalistes parisiens de tous médias, le chef de l'Etat libyen n'a pas osé recourir à la grosse artillerie du fil diplomatique. Pas plus qu'à des manœuvres de coulisses grassement rémunérées pour assécher les plumes et détourner la justice française de son travail. A force épreuves récentes de baisse de garde dans le combat pour la liberté d'informer, on craint d'oublier le formidable et vigoureux optimisme du mot de Victor Hugo contre la tyrannie : « Rien ne ressemble à la gueule d'un canon comme la bouche d'une bouteille d'encre ».