Cette année, la crédibilité de l'Etat et de ses institutions a été gravement écorchée. La mise à nu a été totale. Le peuple, qui ne badine pas avec l'orgueil, a été bousculé dans ce qu'il a de plus sacré. Et paradoxalement, c'est par orgueil que le Premier ministre aurait claqué la porte devant ses invités africains pour sauver la face. Cette réaction épidermique a mis à mal tout l'intérêt de la nation. Le moment ne plaidait pas pour cette nervosité d'autant plus qu'une rude concurrence est menée, particulièrement par des voisins, pour s'attirer le maximum d'investisseurs. C'est leur rendre service en adoptant un tel comportement démesuré à bien des égards. Pourtant des opportunités peuvent être saisies pour «laver», si tel est vraiment le cas. L'africanité de l'Algérie reçoit, quelques jours après, un autre coup sévère puisqu'il venait d'une personnalité censée défendre les droits de l'homme en toute circonstance. Une mission noble à assurer au nom des principes universels des droits de l'homme. M. Ksentini ne s'est pourtant pas gêné de voir en les migrants subsahariens des vecteurs de propagation de maladies. Cette déclaration coïncide malheureusement encore avec la campagne de reconduite aux frontières de nos voisins maliens et nigériens. Le ministère des Affaires étrangères a longuement temporisé avant de réagir aux accusations extérieures colportant le mauvais traitement infligé aux migrants reconduits dans leurs pays. Les efforts déployés par l' Algérie en direction des pays pauvres d'Afrique annulant, purement et simplement, leur dette et plus récemment l'organisation exemplaire du retour de familles subsahariennes par avions médicalisés sont essuyés d'un revers de la main. Bien sûr les Marocains ont vite fait de réagir aux bourdes successives de nos responsables en lançant une campagne de charme circonstancielle en direction des migrants d'Afrique connus par leur volonté de travailler dur afin de se prendre en charge au lieu de s'adonner à la mendicité qu'affectionnent certains autres réfugiés en quête de location d'appartements comme indiqué sur leurs pancartes brandies, à tour de bras, le long des embouteillages. Les bourdes de nos officiels ne se limitent pas à nos relations avec les pays voisins. Les scandales se sont enchaînés dans la gestion des affaires internes. Il y a lieu de rappeler qu'un journaliste est mort dans des conditions qui soulèvent des interrogations des plus lourdes et suscitent l'indignation de tous. La qualité du prisonnier décédé a valu à l'Algérie une dénonciation internationale en plus des accusations portées sur le degré de la liberté d'expression réservée à la corporation des journalistes. Et pour clore la liste indigeste de l'année vient la rocambolesque affaire du traitement miracle du diabète. La promotion du médicament ou complément alimentaire d'un certain Zaibet a été fulgurante. La photo prise en compagnie du ministre de la Santé avec au fond, bien en évidence, le portrait officiel du président de la République lui a ouvert toutes les portes de l'escroquerie au point même de se servir de la miséricorde de Dieu — Rahmat Rabi — pour gagner en crédibilité que la science ne lui a pas permis — et surtout gagner plus d'argent en tirant profit du désarroi des malades. Là aussi, la mise à nu de nos responsables sanitaires à tous les niveaux est totale. Aujourd'hui, ils se couvrent de ridicule à vouloir, après coup, attaquer en justice un personnage qui ne cesse de dévoiler, par lui-même, sa véritable nature. Il est vrai que le cafouillage au sommet se répercute dans tous les sens.