Le wali de Sidi Bel Abbès, Hattab Mohamed, a été muté, jeudi dernier à Béjaïa, dans le cadre d'un mouvement partiel décidé par le président de la République. Il est remplacé par Tahar Hachani qui, en ces temps de vaches maigres, aura pour principale mission de faire décoller l'économie d'une région aux potentialités énormes, mais qui demeure toujours à la traîne comparativement aux wilayas limitrophes. Au-delà des raisons de cette mutation, ce changement à la tête de l'exécutif a suscité un tas de commentaires au sein de la population et des attitudes pour le moins curieuses chez certains. Courtisans et laudateurs de tous acabits, constituant le microcosme belabésien, ont, comme à leur habitude, très vite tourné la page pour sonder les préférences et goûts du prochain wali, versant au passage quelques larmes perfides en guise de chagrin. «Il n'y a pas de plus ordinaire que de changer un wali par un autre, sauf que ce n'est pas le cas à Sidi Bel Abbès. Ici, le bon sens voudrait qu'on change une bonne fois pour toutes cette mentalité pétrifiée et cette propension avilissante à sacraliser celui qui est investi d'une responsabilité pour une durée bien déterminée», souligne un citoyen lambda ayant vécu le passage d'un commis de l'Etat, qui s'est surtout distingué par son penchant pour le football. La presque mainmise de l'ex-wali sur les affaires du club local de football, différemment appréciée au demeurant, a servi essentiellement à façonner l'image d'un responsable soucieux d'apporter de la joie aux amateurs de la balle ronde. «Il s'est investi énormément pour le club. Son départ est perçu comme une grande perte», estime un jeune supporter au chômage. Chez certains, l'émotion était d'ailleurs trop grande à l'annonce de son départ. «Il faut lui reconnaître un certain art de la courtoisie, de la modestie et une aptitude à communiquer, qui, certainement, vont beaucoup lui servir dans sa carrière», témoigne l'un de ses proches. Et d'ajouter: «Il était accro au football, au point de s'attirer certaines inimitiés.» Il était l'un des rares responsables en Algérie à engager une action en justice pour tirer au clair la gestion du club, et ce, depuis 2005. Une action dont les conclusions devaient certainement éclairer l'opinion publique sur beaucoup de faits. Pour d'autres, le football n'est pas la priorité dans une wilaya en quête de développement socioéconomique. «En dehors des projets structurants engagés au niveau central (centre anticancer, tramway, logements...), quels sont les changements opérés par le wali lors de son passage ?», s'interroge Driss Reffas, militant associatif. «Soutenir le football, cela fait partie également des missions d'un wali, mais ce n'est pas la seule. Mais ce n'est pas en engageant une action populiste autour d'un club de football pour soigner son image qu'on rend service à la population», ajoute-t-il. Et il n'est pas le seul à le penser. «On continue à rendre hommage au désormais ex-wali, en l'encensant à tout bout de champ, alors qu'en définitive, il n'a fait que son boulot, bien que les palmiers de l'esplanade de la Macta continuent à périr et refusent de ressusciter», fait remarquer, pour sa part, Djilali Cherid, ex-cadre d'une société publique.