Le Festival culturel national du théâtre amazigh s'est terminé samedi sur une note d'amertume, comme à son habitude. Le jury s'est évertué, encore une fois, à faire preuve de sentiments et décerne des prix pour encourager «les petites associations» ! Le Prix de la meilleure mise en scène est ainsi décerné à la troupe Awal Bouandass, de Sétif, qui, de l'avis de beaucoup de présents, était loin de maîtriser les techniques exigées. Sur un autre plan, le jury ne trouve pas mieux dans ses recommandations que de suggérer le transfert du festival vers une autre wilaya «pour faire mieux découvrir la culture amazighe», a justifié à El Watan l'un des membres ! Or, ce qui était le plus attendu, c'était plutôt de recommander que lors des prochaines éditions les troupes doivent être programmées dans les différentes daïras, et pourquoi pas dans les wilayas limitrophes, telles que Khenchla, Oum El Bouaghi, Constantine, Biskra et autres… Le président d'APC, présent à cette manifestation, a profité de l'occasion pour prendre position contre cette proposition de transférer le festival ailleurs. L'autre recommandation tant attendue concernait la distribution. En effet, beaucoup de troupes investissent dans des pièces pour n'évoluer qu'une seule et unique fois sur scène. Après la représentation au festival, elle est mise dans le tiroir. Par amour des planches Par ailleurs, le jury n'a, semble-t-il, pas remarqué la nouveauté dans cette édition osée par certains téméraires des planches qui ont marié les langages, tels que Rachid Amamria, du Théâtre régional de Béjaïa dans sa pièce Tirft Netzagui (Le bateau de la forêt), où les deux protagonistes, Saïd et Ferroudja, échangeaient les dialogues, l'un en chaoui et l'autre en kabyle. Encore mieux, la coopérative Machahou d'Iferhounen, qui n'a a mérité le prix de la meilleure œuvre, a osé faire appel à Abdelkader Azzouz, jeune réalisateur de Tamanrasset, et à Issam Taachit, comédien de Batna, pour réaliser un chef-d'œuvre qui a fait l'unanimité tant au sein des festivaliers que du public. Une fresque qui a réuni la culture targuie, kabyle et chaouie. Notons enfin que l'édition de 2016, qui coïncide avec les restrictions budgétaires, a montré que le travail théâtral exige plus de talent que d'argent. La preuve, sur 14 théâtres régionaux, seulement trois (Béjaïa, Tizi Ouzou et Batna) ont daigné participer. Sinon ce sont des coopératives et des associations qui ont fait l'effort d'abord par amour au théâtre, ensuite par solidarité au festival.