Pour certains, il s'agit d'un grave précédent pour l'université que viennent de dévoiler les enseignants de Souk Ahras. Pour d'autres, c'est une pratique plutôt ancrée dans les mœurs de nos universités, dont celle de cette wilaya. L'université de Souk Ahras est au centre d'une polémique, causée par une récente affaire de transfert d'une étudiante, exclue en première année par voie légale du département des sciences de la matière, et inscrite, sans dossier, en deuxième année à l'université de Annaba (voir édition du 19 décembre 2016-Région Est). Une affaire qui vient de susciter l'indignation des membres du conseil pédagogique du département précité, en plus d'un véritable bras de fer, engagé depuis des mois par le vice-rectorat de la formation supérieure dans les 1er et 2e cycles, la formation continue, les diplômes et la formation supérieure de graduation. Ce dernier, signataire de plusieurs correspondances invitant le doyen de la faculté des sciences et de la technologie et le chef de département des sciences de la matière à fournir des explications sur les délibérations du conseil pédagogique dudit département ainsi que l'étude des demandes des recours des étudiants exclus des modules, est cité par les enseignants comme l'initiateur d'une série de manœuvres allant à contresens des textes. «Les membres du conseil pédagogique n'ont fait qu'appliquer les dispositions de l'article 57 de l'arrêté 711 ainsi que les alinéas de l'arrêté 712 relatifs à la gestion pédagogique dans les institutions universitaires. Et ce sont ces mêmes textes de référence qui ont été rigoureusement appliqués par ladite commission avec une grande indulgence pour certains cas dont le cas défendu par le vice-rectorat auteur des correspondances-recommandations qui sont à l'origine de la grogne des enseignants, outrés, doit-on le rappeler, par cette manière d'agir», a déclaré un membre du conseil pédagogique en question. La genèse de cette affaire telle que présentée par ce dernier remonte au 4 juillet de l'année en cours, quand une décision adoptée à l'unanimité par les membres de la commission devait sanctionner des étudiants qui ont fait preuve d'absences prolongées sans justification valable et autre qui ont carrément déserté les amphithéâtres par une exclusion. Les recours des étudiants revus en bonne et due forme le 13 juillet de la même année n'ont laissé, d'ailleurs, aucune équivoque quant à l'objectivité des résultats, et ce, de l'avis même des étudiants touchés par nos soins à ce sujet. «Le principe d'équité entre étudiants est fortement bousculé par cette grave affaire, où tout se joue autour d'un statut de nec plus ultra qu'une caste de gens opulents et bien introduits dans le secteur tentent d'institutionnaliser au sein de l'université», a fulminé l'un d'eux. Cette même impression est partagée par le chef de département des sciences de la matière, qui refuse depuis cinq mois la tenue d'un conseil-bis pour valider des résultats recommandés. Nous lisons dans sa dernière réponse, «Conformément aux textes en vigueur, je ne peux convoquer une commission de délibérations au-delà des dates prescrites, que dire d'une période de cinq mois» (n°457 du 28 novembre 2016). Cette réaction, ainsi que la position des autres enseignants n'ont pas été sans conséquences. Voulant crânement imposer l'illégal, le vice-rectorat concerné par cette affaire ira jusqu'à «provoquer» une correspondance du ministère. Suivra une démission du doyen de la faculté des sciences et technologies. Le doyen de la faculté «démissionné» Devant la résistance affichée par le chef de département avéré des plus coriaces en matière d'application des textes légaux, rallié par des enseignants acquis aux thèses d'une université à placer au dessus des discriminations, des privilèges, des complaisances et des entorses retribuées, une récente correspondance émanant de la direction des enseignements, du suivi pédagogique et de l'évaluation au ministère de l'Enseignement supérieur, où nous lisons au premier paragraphe ceci : «Suite à votre e-mail du 08 décembre 2016 N°428, où il est fait état de l'ajournement d'étudiants suite à leur exclusion d'une matière par l'application de l'article 25 de l'arrêté 712 du 03 novembre 2011(…) il faut tenir également compte de l'article 31.» C'est sur la base de cette missive que sera adressée la toute dernière lettre-instruction (n°439) signée par le vice-rectorat cité plus haut au doyen de la faculté. Une commission parallèle sera désignée dans cette énième recommandation, où le rédacteur de la correspondance charge les responsables pédagogiques, l'adjoint du doyen de la faculté et le chef de département des sciences de la matière, dont une proche de l'étudiante qui est à l'origine du scandale. Parallèlement à cette démarche de despérados, le doyen de la faculté des sciences et de la technologie vient de déposer sa démission et a procédé, hier, aux passations de consignes avec son remplaçant.