La production oléicole est annoncée, pour atteindre son niveau le plus bas depuis plusieurs années dans la wilaya de Jijel. Ce constat est largement partagé par les professionnels d'une filière, victime, affirme-t-on, de la sécheresse qui a sévi durant plusieurs mois et qui a eu des répercussions négatives sur le rendement de l'olivier, mais aussi des vieilles et mauvaises méthodes de cueillette des olives. «La sécheresse, c'est une évidence, elle a eu pour conséquences la chute du fruit avant terme, en plus d'un rendement resté en deçà de ce que peut donner l'olivier si on en prend soin. La manière avec laquelle cet arbre est traité lors de la récolte est une atteinte à son intégrité. Quand on traumatise les branches avec de longs bâtons, on abîme ses bourgeons pour la saison qui va suivre, ce qui explique ces rendements alternés entre une campagne et une autre», explique un investisseur dans le secteur de la production de l'huile d'olive. Dans les régions les plus à l'est de la wilaya, où l'on compte de nombreuses oliveraies, le constat est le même. On évoque la sécheresse, mais on s'étonne aussi de cette brutale chute de la production cette saison. «C'est la pire des saisons depuis au moins le début des années 2000», soutient le propriétaire d'une huilerie à Bordj Ali, dans la commune de Settara. Dans la région d'El Milia, où la production de l'huile d'olive est une tradition séculaire, le rendement des oliveraies n'est plus le même depuis quelques années. La vétusté des oliviers est mise en cause dans ce déclin de la production, en dépit des efforts qui n'ont cessé d'être consentis par les pouvoirs publics pour venir en aide à la filière. Cette situation a bien évidemment eu des retombées inflationnistes sur le prix de l'huile d'olive, qui est reparti à la hausse cette saison. Le litre produit localement est ainsi cédé à 750 DA, selon les prix affichés dans une huilerie à El Milia. «Attention, il ne faut pas se fier à tout ce qu'on propose, des gens sans scrupules vont jusqu'à mélanger différents types d'huiles pour la faire passer en huile d'olive locale et la vendre à des prix plus abordables», avertit-on. Certains iront jusqu'à triturer des olives ramenées par des voies détournées de Tunisie, pendant que d'autres s'approvisionnent en grandes quantités du produit dans d'autres régions pour faire face à la demande. Cependant, et en dépit du pessimisme des producteurs, les services agricoles ne s'alarment pas et affirment qu'il est encore trop tôt pour se prononcer sur une quelconque prévision. A l'heure où la récolte est encore en cours, ces services annoncent que les 130 huileries en activité ont produit 2 139 000 litres d'huile d'olive pour une quantité totale d'olives de 148 000 quintaux. La superficie récoltée est de 9550 hectares sur un total de 15 400.