Saïd Sadi a assuré qu'il saisira la justice pour mettre à nu «une entrave patente à l'exercice d'un droit constitutionnel» et «les préjudices moraux et matériels que l'administration a fait subir à une démarche légale et de grande utilité publique». Le docteur Saïd Sadi n'y est pas allé de main morte pour dénoncer le refus des autorités d'autoriser son association, dédiée au développement durable, d'activer. Dans une lettre ouverte à forte charge politique, adressée au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l'ancien président du RCD a dénoncé une «vaine et pitoyable» posture d'«un Exécutif aux abois». Revenant dans le détail sur la création de son association dénommée Analyse, formation, unification, développement (Afud), qui a eu lieu le 29 janvier dernier en présence d'un huissier et avec la participation de représentants de 17 wilayas, parmi lesquels figuraient des producteurs, des chercheurs universitaires, des ingénieurs, des communicants…, Saïd Sadi a énuméré les différentes embûches rencontrées qui font qu'aujourd'hui, malgré l'énergie dépensée et les efforts déployés, l'association Afud reste dans l'incapacité d'activer légalement. Ayant pour objectif la promotion des produits du terroir et du patrimoine immatériel qui en a permis la préservation, cette association attend toujours de recevoir le récépissé de dépôt de son dossier d'agrément. Distorsions Dans sa lettre, le Dr Sadi fait état des péripéties de cette demande d'agrément. Il a affirmé que le dossier a été déposé le 1er mars 2016 auprès du bureau des associations du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. «Première distorsion à la réglementation : ce département refuse de délivrer le récépissé d'enregistrement», a souligné Saïd Sadi, selon lequel toutes les tentatives d'entrer en contact avec les responsables de la direction des associations pour avoir des explications se sont avérées vaines. Le Dr Sadi a assuré avoir adressé, le 19 juin 2016, au ministre de l'Intérieur une correspondance recommandée avec accusé de réception, signalant les incohérences et les obstructions récurrentes à l'obtention du fameux sésame, l'autorisation d'activer pour cette association. Il a précisé n'avoir reçu aucune réponse, malgré une lettre de rappel expédiée le 4 août. Le même jour, Saïd Sadi dit avoir envoyé une autre correspondance au Premier ministre, qui est, elle aussi, restée sans suite. «En ce qui vous concerne, vous avez néanmoins amélioré le label de l'irrévérence administrative, puisque vous n'avez même pas estimé utile de prendre acte d'un message qui vous était personnellement adressé. Dans les hiérarchies bien ordonnées, le supérieur doit toujours surclasser le disciple», a-t-il écrit au Premier ministre, tout en précisant que l'association Afud s'est réellement constituée sur le terrain. «Ruse de bazar» M. Sadi a souligné que le ministère de l'Intérieur avait instruit ses services centraux de ne pas délivrer de récépissé d'enregistrement aux citoyens désirant exercer leur droit de s'associer. Le même département ministériel avait ordonné, selon lui, à l'administration territoriale d'exiger, pour toute forme d'activité, le document que ses services centraux refusent… «Dans l'impossibilité de prouver la date de leur dépôt, les animateurs se trouvent piégés par une ruse de bazar concoctée au nom de l'Etat», a-t-il relevé, tout en précisant que «les grandes ONG connaissent bien les entraves opposées aux droits fondamentaux par les régimes autocratiques». A l'adresse de Abdelmalek Sellal, Saïd Sadi ajoute : «Il y a trois mois, un de vos anciens collègues de formation voulant accompagner notre projet vint s'informer sur son évolution. Je lui fis part des méandres et labyrinthes mis en place par votre gouvernement. Il lâcha ce constat : le pouvoir algérien est un peu particulier. Il ne se contente pas de détourner, il ne lui suffit pas de tout verrouiller ; sa grande peur est de voir des réussites autonomes dévoiler son incurie. La peur. Il faut croire, en effet, qu'il n'y a plus que ce sentiment qui anime un Exécutif aux abois. Vaine et pitoyable posture.» L'ancien président du RCD a affirmé que «devant le naufrage où est entraînée l'Algérie, on hésite entre la condamnation et la condescendance». «Séduit par des charlatans» Décrivant un pays mis au pas par un gouvernement qui se laisse séduire par un charlatan, Saïd Sadi a assuré qu'il va saisir la justice pour mettre à nu «une entrave patente à l'exercice d'un droit constitutionnel» et les préjudices moraux et matériels que l'administration Sellal a faits à «une démarche légale, qui plus est d'utilité publique». L'ancien président du RCD estime ainsi que «l'année 2016 se termine plus calamiteuse que celle qui l'a précédée et, au rythme où vont les choses, probablement moins que celle qui arrive».