En termes d'immigration, l'Europe devrait revoir ses comptes. Finis donc les flux migratoires incessants en provenance du Maghreb et d'Afrique noire. Place plutôt aux migrants des ex-pays de l'Est qui traversent les frontières, aidés sans doute par l'intégration de leurs pays respectifs au sein de l'Union européenne. Ainsi, d'après des statistiques européennes non officielles, l'Espagne aurait régularisé, en 2005, davantage d'Equatoriens (25%), de Roumains (17%) suivis de Marocains (11%), loin devant les ressortissants de l'Afrique noire avec 3,9% seulement. Les images des embarcations de fortune qui échouent sur les rivages des Canaries ne sont, en fin de compte, que des épiphénomènes comparativement aux arrivées massives et régulières des Européens de l'Est. Même constat en Italie. Le pays a régularisé, en 2006, plus de 130 000 Roumains, 100 000 Ukrainiens, 47 000 Albanais et 47 000 Marocains. Au Portugal, petit pays de 10 millions d'habitants et à économie fragile, ce sont les Brésiliens qui viennent en première place avec 85 000 régularisations, suivis de 70 000 Ukrainiens. En Irlande, ce sont deux cents ans d'histoire de l'immigration qui ont été annulés durant les dix dernières années grâce à l'explosion économique et culturelle. Ainsi, le Tigre celte a accueilli jusqu'à aujourd'hui près de 60% d'immigrants de nationalité polonaise. Ces derniers, confrontés au chômage et à la crise économique qui frappe leur pays, rejoignent ce pays pour occuper des postes dans le bâtiment et l'agriculture. En 2005, plus d'un million et demi d'étrangers ont été reconnus comme immigrés légaux au sein de l'Union européenne. L'Espagne est restée le premier pays d'accueil avec 650 000 régularisations, suivie de l'Italie avec 338 000 cas puis la Grande-Bretagne avec 196 000 personnes admises et la France avec 102 000 nouveaux arrivants. Toutefois, il semble que c'est l'Allemagne qui est confrontée au problème de l'immigration clandestine puisqu'il vivrait sur son sol près d'un million de sans-papiers. L'Espagne compterait environ 900 000 clandestins, la France 300 000 et la Grande-Bretagne environ 570 000 personnes entrées illégalement sur son territoire. Bénéficier du statut d'exilé politique deviendra de plus en plus difficile en Europe. Cette dernière, bien qu'elle avance à petits pas, a réussi à transférer le traitement des dossiers des demandeurs d'asile politique du niveau des Etats à celui de l'Union européenne. Ce changement dans l'appréciation vise, ni plus ni moins, selon les associations d'aide aux sans-papiers, qu'à recaler davantage de candidats à l'immigration. En se fermant à double tour, l'Europe cherche désormais à choisir ses immigrés par le biais d'une politique d'immigration volontariste et choisie.