Immigration clandestine, fuite des cerveaux, camps de transit. Ce sont des sujets épineux qui alimentent l'actualité de nos jours. Les flux migratoires constituent un des problèmes cruciaux de ce siècle. L'Europe est, de nouveau, l'épicentre du phénomène et les données récentes montrent une plus grande concentration des flux vers les pays industrialisés. C'est ainsi que le thème "Flux migratoires et leurs effets sur les politiques de développement" a constitué, hier, un débat au centre de presse d'El Moudjahid en présence des spécialistes et représentants d'institutions. En effet, l'ampleur du phénomène est importante, puisqu'on dénombre aujourd'hui 200 millions de migrants dans le monde, un fait qui est au cœur de l'actualité internationale et qui prend de plus en plus d'ampleur de par le monde. Le Maghreb est devenu une région de transit et d'immigration après avoir été durant longtemps une région d'émigration. Le 21e siècle sera sans doute le siècle d'immigrants. Il y a de cela un quart de siècle, l'ensemble des populations déplacées à travers le monde représentaient seulement un total de 70 millions de personnes. 25 ans plus tard, le nombre a atteint 200 millions, ce qui nécessite de prendre en charge sérieusement ce phénomène dans tous ses volets. Il est clair que de fortes pressions sont constatées aux frontières de l'Europe, tandis que les pays du Maghreb se transforment malgré eux en pays d'accueil pour les populations subsahariennes désireuses d'entrer en Europe. Aujourd'hui, les candidats au départ ont des niveaux d'instruction plus élevés et ne sont pas dépourvus de ressources économiques ; ils choisissent de consacrer les diverses ressources qui sont les leurs au sein des pays étrangers développés. Ceux qui n'ont pas trouvé leur place dans leur pays d'origine représentent une aubaine pour l'Europe, car ils représentent une élite déjà formée, une main-d'œuvre bon marché. Toutefois, l'avenir des flux migratoires dépend de la vitalité des systèmes politique, économique, social et culturel propres à chaque pays, une politique de co-développement, un partenariat Nord-Sud pourrait modifier la nature des flux migratoires, mais cela suppose la suppression de certains préjugés. Il est à rappeler que la Commission européenne a présenté, le 16 mai dernier, une série de propositions visant à définir une stratégie globale en matière de gestion des flux migratoires. Sur le modèle de l'approche adoptée en direction des pays limitrophes de la Méditerranée et de l'Afrique, une communication vise à renforcer la coopération avec les pays de départ situés à l'est et au sud-est de l'UE (Turquie, Albanie, Ukraine, Azerbaïdjan, Géorgie, Fédération de Russie, etc.) en matière de visas, de réadmission et de démantèlement des organisations mafieuses. D'autre part, une directive prévoit l'instauration de sanctions minimales, y compris pénales, dans les 27 Etats membres de l'Union en vue de punir les employeurs (entreprises et particuliers) des immigrés clandestins. Le 14 mai dernier, la Commission des libertés civiles du Parlement européen avait, par ailleurs, approuvé un règlement créant un système européen d'information sur les visas (VIS) au sein de l'espace Schengen. Il s'agit, notamment, de faciliter la lutte contre la fraude et les vérifications aux frontières extérieures et d'éviter qu'un demandeur auquel un pays de l'espace Schengen a refusé de délivrer un visa ne dépose des demandes dans d'autres pays de ce même espace.