Le FFS a tenu un meeting populaire à la salle Atlas pour rendre hommage à Hocine Aït Ahmed, disparu il y a une année, alors que le parti est traversé de fortes turbulences. Le plus vieux parti de l'opposition a décidé de réunir ses troupes à la salle Atlas, une année après la disparition de son leader historique, Hocine Aït Ahmed. Plusieurs personnalités politiques ont tenu à s'associer à l'hommage, dont le patron du FLN, Djamel Ould Abbès, qui quittera la salle au milieu du discours de Abdelmalek Bouchafa quand celui-ci s'en prendra violemment à la loi de finances 2017, qualifiée «d'antisociale et d'antinationale et votée par une majorité truquée». Hasard du calendrier, le meeting populaire a été programmé alors que le parti traverse une grave crise interne, se soldant par le renvoi de tous ceux qui remettaient en cause la ligne politique défendue par la direction. Hier à la salle Atlas, les responsables du FFS jouaient gros, car le succès du meeting les confortait dans leur stratégie de rapprochement avec le régime. Face aux questions des journalistes, les cadres ont tous chanté à l'unisson «l'union» et la «crise passagère propre à toutes les formations politiques.» Si certains maniaient l'ironie, «ce n'est même pas une tempête, tout juste un ressac», a confié dans un éclat de rire un ancien responsable, d'autres, comme Nora Mahiout, députée d'Alger, a insisté sur le caractère «normal» d'une telle crise. «Ce qui se passe au FFS a lieu dans tous les autres partis. Le plus important est de ressortir à chaque fois plus fort», a expliqué la députée d'Alger. Le clou du spectacle est le discours prononcé par le premier secrétaire, Abdelmalek Bouchafa, qui s'en est pris à ceux qui ont voulu «semer la zizanie en induisant en erreur les militants par une campagne insidieuse sur les réseaux sociaux». Pour le premier secrétaire, ces attaques ont été menées alors que la direction du parti a décidé de présenter des listes aux prochaines élections. «Cette tempête violente a coïncidé avec la décision du parti de participer aux législatives», a-t-il déclaré. Et de poursuivre : «Cette tempête vise à saper le projet de consensus national voulu par le parti.» Puis vint le temps du règlement de comptes. Sans jamais le nommer, il s'est attaqué à Rachid Halet, accusé d'avoir voulu cantonner le parti dans une seule région. En clair, M. Halet est accusé de régionalisme. «Celui qui nous a attaqués est celui qui chantait notre caractère national dans une région particulière et nous collait une étiquette de parti régionaliste dans le reste du pays.» Et de conclure : «Le parti va bien et personne ne pourra le dévier du message transmis par notre leader Hocine Aït Ahmed.» Ces attaques contre Rachid Halet, figure du parti et membre de l'instance présidentielle, interviennent alors que celui-ci a été radié des instances du FFS pour s'être opposé à certains membres de la direction et pour avoir critiqué l'orientation prise par le parti. Cette éviction a été suivie par une réorganisation du conseil national, qui a vu d'une part son nombre passer de 43 à 17 membres et, d'autre part, par la mise à l'écart des cadres soupçonnés d'accointances avec lui. Ces dissensions ont également mis au jour les rapports compliqués qu'entretient le premier secrétaire avec le chef du groupe parlementaire à l'APN, Chafaa Bouaiche. Pour la première fois, les dissensions internes ont été étalées sur la place publique, alors que le parti a toujours cultivé le goût du secret.