L'exclusion de Rachid Halet, membre de l'Instance présidentielle, au début de ce mois, a déballé sur la place publique le fond d'un FFS orphelin de son chef qui, autrefois, y instaurait une incontestable discipline. Hocine Aït Ahmed a laissé un vide. Un grand vide ! Hocine Aït Ahmed revient ce week-end. Le chef charismatique du Front des forces socialistes (FFS), décédé le 23 décembre 2015, sera ressuscité à travers un recueillement, demain, sur sa tombe au village Ath Ahmed, et un meeting populaire samedi à la salle Atlas d'Alger. À la direction nationale du FFS, on veut coûte que coûte réussir à marquer cette date, histoire de démentir la crise interne que le parti vit depuis plusieurs semaines. Le nouveau secrétariat national remanié est descendu sur le terrain pour mobiliser les citoyens à venir assister au meeting de la salle Atlas. Abdelmalek Bouchafa, entouré de ses lieutenants et autres députés du parti, sillonne les rues, les quartiers et les stations de bus et de métro de la capitale pour distribuer des tracts appelant à rendre à hommage à celui qui a sacrifié 70 ans de sa vie à la lutte pour la démocratie, la défense des libertés et l'instauration de l'Etat de droit. Sur les réseaux sociaux, les images postées de cadres en contact avec les citoyens cachent pourtant une réalité qui n'est qu'un secret de polichinelle. Le constat amer est que FFS se trouve en crise un an seulement après la disparition de son chef charismatique. Au cœur de cette crise, des luttes fratricides pour le positionnement, pour le contrôle de l'appareil du parti en prévision des législatives de 2017 et peut-être même la présidentielle de 2019. Ce que la direction du FFS refuse de reconnaître, préférant s'attaquer à la presse à l'occasion de la session du conseil national du 10 décembre dernier, est loin d'être couvert par de simples sorties de proximité, accompagnées de photos d'ambiance publiées sur Facebook. L'exclusion de Rachid Halet, membre de l'Instance présidentielle au début du mois en cours, a mis à nu l'image d'un FFS orphelin de son chef qui, autrefois, instaurait la discipline. Hocine Aït Ahmed a laissé un vide. Un grand vide ! À tel point que même «les statuts du partis sont violés» le plus normalement du monde. Un dérapage qui a poussé Ahmed Betatache et Mahdi Madani, respectivement ancien premier secrétaire du parti et membre de la commission de médiation et de règlement des conflits, qui a approuvé la radiation de Halet, à démissionner. Si la participation aux élections législatives de 2012 avait un argument «tactique» qui consistait, selon la vision du défunt Aït Ahmed à «mettre du mouvement dans le statu quo», le FFS avait toutes les raisons de boycotter celles du printemps prochain. Cette position que partage une grande partie de la base militante ne passera pourtant pas devant les appétits voraces au sommet du plus vieux parti de l'opposition. Désormais, plus de place au projet que le parti défendait bec et ongles des années durant, à savoir l'élection d'une Assemblée constituante. La revendication portant sur les garanties de transparence des élections a, elle aussi, disparu du discours politique des responsables du FFS. C'est dire que l'héritage de feu Aït Ahmed est en passe d'être détourné, sinon enterré avec lui, une année après sa mort.