La reprise des travaux dans les quartiers, où ils ont été suspendus, est prévue pour le début de l'année. L'opération de réhabilitation du vieux bâti dans la capitale rencontre des difficultés. Les pouvoirs publics se sont heurtés dès le lancement des travaux à des problèmes qui ont entraîné des glissements dans les délais impartis à la réalisation. Entre autres difficultés rencontrées par les entreprises, citons les travaux, qui s'effectuent, alors que les logements sont toujours occupés par leurs propriétaires. D'après Maâchouk Mohamed, conseiller auprès du wali, chargé de l'embellissement de la capitale et de la réhabilitation du vieux bâti, «cette situation génère d'énormes difficultés aux entreprises dans l'exécution des travaux. Les chantiers au niveau des immeubles sont installés et défaits quotidiennement, afin de permettre aux habitants de se mouvoir sans contrainte, situation qui n'est pas sans conséquences sur les délais de réalisation», confie-t-il. A la rue Hassiba Ben Bouali, d'énormes échafaudages installés aux devantures de certains immeubles, renseignent sur l'ampleur des travaux qui prennent en charge la restauration des bâtisses de fond en comble. Dans le tumulte des machines qui décapent le revêtement des murs et le fracas des gravats qui s'amoncellent ici et là, les cages d'escalier grouillent d'enfants. Il est presque 9h, les derniers écoliers quittent l'immeuble. Il est temps pour les ouvriers d'installer pour la énième fois leur matériel et leurs outils. «Nous travaillons suivant la disponibilité de l'espace d'intervention et les déplacements des résidants. On installe le chantier le matin après le départ des derniers écoliers, et on le désinstalle l'après-midi pour permettre aux résidants de se mouvoir librement dans la cage d'escalier et les espaces communs», assure un responsable de chantier. Cette entrave, qui n'est pas des moindres, ralentit considérablement la cadence des travaux. «Le temps imparti aux travaux se trouve amoindri, ce qui est une difficulté de taille», soutient M. Maâchouk. La liste des problèmes et des contraintes n'est guère exhaustive, car les travaux se heurtent également au fait que les études effectuées préalablement n'ont pas été suffisamment mûries. «Au départ, les diagnostics n'ont pas été formulés avec exactitude, car les appartements étaient occupés par leurs propriétaires. Résultat : nous nous retrouvons aujourd'hui avec un dépassement des tolérances démesuré. Les 5 milliards de dinars dégagés initialement sur le Fonds national du logement s'avèrent insuffisants. Parfois, c'est la nature même des travaux qui est remise en cause. Les études n'étant pas assez précises, on se retrouve dans la pratique face à des travaux lourds qui concernent les structures des bâtisses, alors qu'il était initialement question seulement de travaux légers», assure-t-il. Signalons que les services de la wilaya ont recensé quelque 55 000 logements nécessitant des travaux de réhabilitation. La priorité a été, cependant, donnée aux hyper centres, dans 14 communes. A Alger-Centre et dans une première phase, 7 grands boulevards ont été retenus, en l'occurrence : Larbi Ben M'hidi, Krim Belkacem, Zirout Youcef, Colonel Amirouche, Didouche Mourad, Mohammed V et Hassiba Ben Bouali, ainsi que 4 artères secondaires. L'opération a été confiée à des maîtres d'ouvrage que sont les trois OPGI de la wilaya d'Alger, la Régie foncière, l'Ofares et la Darq (remplacée pendant un certain temps par l'Ofares). Les rues Larbi Ben M'hidi et Hassiba Ben Bouali ont été prises en charge par la Darq. Le boulevard Zirout Youcef, par l'OPGI de Hussein Dey. Les rues Didouche Mourad et Mohammed V par l'OPGI de Dar El Beida, le boulevard Amirouche par l'OPGI de Bir Mourad Rais. Le boulevard Krim Belkacem par la Régie foncière. La reprise des travaux en début d'année Les maîtres d'ouvrage ont confié les travaux à des entreprises qui sont en majorité étrangères, (groupes portugais, espagnols et français, ainsi que des entreprises algériennes chapeautées par la Darq). Il s'en est suivi, suite à des constats négatifs sur la qualité des travaux, la suspension de toutes les entreprises qui dépendent des OPGI de Dar El Beida et de Bir Mourad Rais et de la Régie foncière. Seule la Darq et l'OPGI de Hussein Dey ont été maintenues. S'agissant de la reprise des travaux, Maâchouk Mohamed dira : «La procédure est en cours, d'ailleurs les cahiers des charges ont été refaits minutieusement. Les travaux ont été scindés, cette fois-ci en lots afin de permettre une exécution plus opérante et plus efficace.» Les lots englobent, à titre d'exemple, pour la partie qui concerne le boulevard Amirouche 10 lots. Chaque lot compte 2 à 3 immeubles. La réhabilitation concerne également les ascenseurs qui, d'après notre interlocuteur, sont réhabilités en même temps que les bâtisses. «Le lancement effectif des travaux, c'est-à-dire l'installation des entreprises, se fera très prochainement, éventuellement en début d'année», affirme-t-il. Il convient, en faisant la part des choses, de signaler le manque de coopération affiché par certains propriétaires de logement, qui, au lieu de faciliter la tâche aux différents intervenants, font le contraire. Bien qu'ils soient à 80 % propriétaires de leur logement, ils entravent le bon déroulement des travaux. L'exemple qui illustre cette situation paradoxale est certainement celui des antennes paraboliques. L'enlèvement des assiettes, qui enlaidissent les façades et encombrent par leur présence improvisée et gênante l'exécution des travaux, est synonyme d'atteinte personnelle. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître et en dépit de l'importance des travaux, toucher aux antennes paraboliques reviendrait à toucher à un élément plus important que la réhabilitation elle-même. Les efforts fournis par les pouvoirs publics dans le domaine de la réhabilitation du vieux bâti dans la capitale sont énormes. Ils doivent êtres soutenus et facilités par les citoyens en premier lieu.