Un climat électrique régnait hier encore dans certaines localités de la wilaya de Boumerdès. La ville de Naciria a vécu une nuit très mouvementée avant-hier. Des émeutes ont éclaté lundi vers 20h au centre-ville, mais les choses sont rentrées dans l'ordre une heure plus tard, après l'arrivée de renforts de la police qui ont maîtrisé la situation. Tout a commencé lorsqu'un groupe de jeunes, dont certains âgés de moins de 18 ans, ont lancé des pierres et des cocktails Molotov en direction du commissariat de la ville. La réaction de la police ne s'est pas fait attendre et a contraint les manifestants à battre en retraite. Armés de boucliers, les éléments des forces antiémeute ont arrêté à l'aveuglette sept adolescents avant de les libérer dans la soirée. Ces incidents ont été vécus comme un moment de défoulement par certains jeunes en mal de vivre, tant le nombre de personnes qui assistaient, médusées, à ces scènes de violence dépassait largement celui des manifestants. Avant de s'en prendre au commissariat, certains protestataires ont brûlé des pneus près du marché des fruits et légumes, bloquant la route à la circulation. Les jeunes arrêtés au cours des affrontements auraient été malmenés, voire violentés par les policiers qui, semble-t-il, n'ont pas admis l'usage de cocktails Molotov contre leur siège. Hier, un calme précaire régnait au chef-lieu. Malgré l'ouverture des commerces, la police était encore sur le qui-vive. Même climat à Bordj Menaïel et aux Issers, où les commerçants ont fermé boutique pour la seconde journée consécutive. Dans la dernière localité, les commerçants ont baissé rideau contre leur gré. «C'est un groupe de jeunes étrangers à la commune qui les a sommés de respecter le mot d'ordre de grève. Ils ont fait du porte-à-porte, brandissant des menaces contre ceux qui oseraient ouvrir», précise un habitant de la ville. Malgré les appels au calme, le boulevard Abane Ramdane a été fermé dans la soirée d'avant-hier durant plusieurs heures. La situation a failli dégénérer à maintes reprises. De nombreux habitants ont dénoncé le recours à la violence, craignant d'assister à des scènes de pillage et de vols en cas d'émeutes. Nos interlocuteurs se rappellent les scènes regrettables qui ont émaillé les manifestations de janvier 2011. A l'époque, certains émeutiers s'en sont même pris aux établissements scolaires, volant le matériel se trouvant à l'intérieur. Alors que d'autres se sont précipités vers les zones industrielles, comme ce fut le cas aux Issers, pour piller un dépôt d'équipements électroménagers de Cevital.