Malgré les efforts fournis par l'Algérie pour la protection des enfants, ces derniers continuent à souffrir de maltraitances. Les cas recensés par les forces de l'ordre et par le mouvement associatif confirment ce triste constat. Avant-hier, les éléments de la Gendarmerie nationale ont réussi à retrouver une petite fille d'à peine 11 ans entraînée par deux adultes. Ces derniers, âgés de 20 et 22 ans, ont été inculpés d'«attentat à la pudeur» et «détournement de mineure». Le premier a été mis sous mandat de dépôt et le second sous contrôle judiciaire. D'après la Gendarmerie nationale, les faits de cette triste histoire remontent à la dernière semaine de décembre, où la jeune écolière a quitté le domicile parental suite à de mauvais résultats scolaires, et ce, vers une destination indéterminée. Elle fut retrouvée deux jours après au Palais des expositions des Pins maritimes à Mohammadia en compagnie du premier mis en cause, lequel a abusé d'elle avec son complice qui a été interpellé à son tour le même jour. D'après Arar Abderrahmane, président du réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant NADA, «le cas de cette petite fille n'est pas unique en son genre. Durant l'année dernière, nous avons recensé plusieurs atteintes physiques et morales graves et recueilli plusieurs d'enfants violentés». Des cas qui donne froid dans le dos et dignes des films d'horreur. «Parmi ces derniers, celui d'une fille de 13 ans violée par 4 personnes qui l'ont brûlée à la cigarette, ou encore celui d'un petit garçon violenté par 3 individus qui ont abusé de lui. Ce dernier, qui a été retrouvé près de la rive d'un oued, a sombré pendant un mois dans un coma profond et souffre actuellement de dommages au niveau de l'appareil génital. Les autres cas sont nettement plus graves», explique-t-il. D'après notre interlocuteur, les raisons de ces violences sont multiples. Il cite, entre autres, les différents conflits familiaux, le divorce, la consommation d'alcool qui pousse certaines personnes à agir d'une manière irrationnelle, ou encore la pauvreté. «La violence scolaire dans le milieu scolaire ou à la maison est également un facteur qui pousse l'enfant à fuguer et de facto à être exposé à de multiples violences dans la rue, le traumatisant moralement», ajoute Arar Abderrahmane qui affirme que la situation est grave. Les chiffres rapportés dans le bilan d'activité de 2016 sont là pour le confirmer. Les appels reçus par les services du réseau NADA au numéro vert 3033 ont atteint les 23 276 appels entre 2015 et 2016. Sur ce chiffre, 6358 appels ont été en relation avec une violence physique et morale. Quelque 1125 enfants ont fait appel à l'aide du réseau NADA pour agression sexuelle, 75 pour inceste, 190 autres sont relatifs à des cas de fugue ou des tentatives de kidnapping. Pour rappel, l'Algérie a récemment lancé un dispositif national d'alerte, à savoir Alerte rapt/disparition d'enfants, et qui sera déclenché à chaque disparition ou kidnapping d'enfant. D'autres dispositifs, une meilleure vigilance et la tolérance des parents sont demandés pour la préservation des droits de ces enfants.