L'Exécutif tend à adapter ses offres financières et bancaires dans le but de recueillir les ressources non bancarisées pour des raisons religieuses. De nouvelles mesures au profit des capitaux dormants des circuits informels devraient prendre forme sous peu. Le ministère des Finances examine la faisabilité d'un emprunt obligataire sans intérêt qui s'adresserait spécialement aux détenteurs de capitaux en dinars circulant hors canal bancaire. A la différence de l'emprunt obligataire lancé l'année dernière, dont les taux d'intérêt annuels étaient de 5% à 5,57%, le rendement de cette seconde série de titres serait indexé sur le taux de croissance, selon les propos tenus récemment par le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi. La philosophie de cette nouvelle émission est caractérisée par cette intention inavouée de mettre un pied sur le terrain de la finance islamique. Dit autrement, l'Exécutif tend à adapter ses offres financières et bancaires dans le but de quêter au moins les ressources non bancarisées pour des raisons religieuses. Sur la question de l'emprunt sans intérêt, le ministre des Finances n'a pas été très précis sur la façon dont il allait le faire. Il s'est contenté, jeudi dernier, au Conseil de la nation, de faire état d'un «projet à l'étude pour l'émission d'emprunts sans intérêt». L'Exécutif y voit un moyen de bancarisation de l'économie souterraine. Tout comme l'idée de lancer de nouveaux produits bancaires sans intérêt, un projet que le ministère des Finances dit examiner actuellement avec les banques de la place. Sur le terrain de la finance islamique, l'Exécutif y va, mais sur la pointe des pieds. Hadji Baba Ammi a tenu à préciser, jeudi, qu'«il n'existe pas de banques islamiques et de banques non islamiques», affirmant qu'«il y a des banques soumises à un système bancaire international et qui peuvent proposer des services avec ou sans intérêt en matière d'épargne». Ces mesures s'inscrivent, selon lui, dans le cadre d'une stratégie globale de modernisation du système financier par la diversification des prestations offertes aux clients. La loi autorise les banques et les établissements financiers à proposer des prestations qui ne sont pas basées sur le taux d'intérêt, a-t-il ajouté, rappelant que des instructions ont été données dans ce sens à l'ensemble des banques publiques, d'où les produits «moucharaka» ou «mourabaha». Reste à savoir si, à l'avenir, l'Exécutif ira jusqu'à faire sauter certains verrous réglementaires tant il est vrai que la finance islamique ne peut être régulée de la même manière et selon les mêmes critères prudentiels. Ce qui compte, en ces temps de baisse des ressources, c'est que la monnaie fiduciaire doit être captée par le circuit bancaire là où elle se trouve.