Il y a un an, le 7 janvier 2016, nous quittait Brahim Chergui, à l'âge de 94 ans. Militant de la cause nationale, Brahim a consacré sa vie à la lutte pour la Libération nationale. Du PPA, qu'il intégra au début des années 1940, au MTLD, puis au FLN, Si Hmida (son nom de guerre) s'affirma comme comme un dirigeant déterminé, qui allait prêcher la bonne parole révolutionnaire au gré des mutations décidées par le parti. Depuis sa naissance en 1922 à Aïn El Khadra, dans la wilaya de M'sila, jusqu'à sa retraite politique en 1962, Chergui a gardé les mêmes valeurs pour lesquelles il a combattu. «Les hommes passent, les faits restent et l'histoire retient», avait-il l'habitude de dire lors de nos rencontres régulières, au café Tlemçani, aux côtés d'amis communs, non moins illustres, comme Sid Ali Abdelhamid, Sadek Keramane, Hachem Malek, Zahir Ihadadène, Mourad Benabou, Sid Ali Bouzourène, Mohamed Salah Benslama, qui vient de nous quitter tout récemment, Belloumi, Baha... Chergui n'était pas du genre à se vanter de son parcours en s'accordant une quelconque gloire bien que largement méritée, eu égard à son itinéraire et à ses luttes continues. Homme discret et réservé, il n'aimait pas les feux de la rampe. Il a fallu beaucoup de patience et d'abnégation à ses amis pour le convaincre à écrire ses mémoires qu'il a consignés dans un livre, Au cœur de la Bataille d'Alger, paru en 2012 aux éditions Dahlab et auquel j'ai contribué. J'ai vu une lueur de bonheur dans ses yeux lorsque le livre est sorti. Dans cet ouvrage-témoignage, on découvre des facettes peu connues, comme les déclarations du tristement célèbre général Bigeard, chef du 3e régiment des «paras» et l'ex-lieutenant, Jacques Allaire, celui-là même qui a participé à l'arrestation de Si Brahim le 24 février 1957. Ces deux militaires affirment sans ambages que Si Brahim n'a jamais indiqué la cache de son ami Ben M'hidi, arrêté la veille. Cette précision est importante et met fin à une rumeur malfaisante. Chergui, nonobstant son activité multiforme au PPA/MTLD, était le responsable politique de la Zone autonome et assurait la liaison du Comité de coordination et d'exécution, composé de Krim, Ben M'hidi, Abane, Ben Khedda et Saâd Dahleb. Si Brahim évoque quelques péripéties de son parcours à travers une belle leçon d'histoire sur le mouvement national, non sans une vision critique des événements qui se sont succédé durant la deuxième moitié du siècle dernier.