A Témouchent, les pouvoirs publics ont cessé, depuis plus d'une décennie, toute cession de terrain au profit de lotissements individuels. C'est qu'il a été consommé environ la moitié de la surface urbanisée depuis les années 1990 pour un profit négatif, puisque dans ce mode de construction en horizontalité, ce sont 30 lgts/ha qui sont réalisés contre 150 en verticalité. Aujourd'hui, la rareté du foncier urbain impose aux autorités une nouvelle gestion de l'espace. Le temps du volontarisme en matière d'urbanisation semble désormais révolu, sachant que 80% de la superficie de la wilaya est à caractère agricole et que si l'instruction du Premier ministre, datant de 2013, a allégé la procédure de distraction de parcelles des EAC, elle n'a pas donné carte blanche aux walis pour les convertir en terrains urbanisables. Tout déclassement doit être en effet validé par un décret exécutif. Ainsi, sur les 650 ha déclassés sur tout le territoire de la wilaya depuis 2015, si au chef-lieu, les autorités ont sollicité la distraction de 300 ha pour la création du POS 3 Sud-Est (une troisième «nouvelle ville»), il ne leur a été concédé que 200. Par ailleurs, autre restriction, sur ces 200 ha, dont 175 ont fait l'objet d'un plan d'occupation du sol, tant qu'un chantier n'a pas été installé sur toute parcelle, elle doit pouvoir continuer à être exploitée par l'EAC de laquelle elle a été soustraite. Ces nouvelles règles ont imposé l'idée d'abandonner la règle consistant à ne pas dépasser le niveau R+5 à laquelle on s'était tenu, en particulier pour préserver le cachet des villes, comme par exemple à Hammam Bou Hadjar, qui est à caractère touristique. Ce n'est que parce que cela a été possible au sein du POS 2 Sud-Est, la 2e «nouvelle ville» de 320 ha, que deux tours en R+9 ont été injectées. Cela n'est pas envisageable dans les anciens tissus urbains pour les besoins de leur densification, là où existent des poches de terrain nu. Il faudra dans ce cas revoir les règles du PDAU, ce qui n'est pas généralisable partout. A cet égard, la densification observée sur deux cités, l'une à Aïn El Arba et l'autre à El Amria, a fait tiquer les observateurs, du fait d'une promiscuité à laquelle sont soumis leurs habitants, ce qui n'arrange pas le vivre-ensemble. Interpellé sur ce fait, Hita Mohamed, DUC, rectifie : «En fait, ce que vous avez vu est une prise de possession partielle du lotissement, les espaces de détente, terrains Matico sont projetés autour. Lorsque le POS sera totalement réalisé à l'endroit, leurs espaces seront viabilisés et aménagés. Nous ne l'avons pas encore fait parce que nous avons observé dans les lotissements inachevés qu'ils sont transformés en dépotoirs en tous genres, ce qui nous oblige à les reprendre par la suite.» Sur un autre plan, l'indisponibilité du foncier urbain a pénalisé Béni Saf par rapport aux 1000 logements AADL qui y étaient projetés. En effet, tous les terrains recensés se trouvent être inconstructibles, parce que fragiles du fait qu'ils sont situés sur des zones de foudroyage de l'ex- mine de fer. Par ailleurs, 30 ha au quartier Boukourdan sont situés sur une pente à forte déclivité, ce qui impose des surcoûts excessifs. Du coup, 500 logements ont été délocalisés sur la commune voisine de Sidi Safi. Les autres 500 logements ont été répartis entre le POS 3 Sud-Est à Témouchent, soit 300, et 200 à El Malah.