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L'inefficacité des mécanismes de contrôle
Erosion du pouvoir d'achat des algériens
Publié dans El Watan le 09 - 01 - 2017

Les pouvoirs publics rassurent, les commerçants se défendent, les producteurs justifient et les consommateurs se plaignent.
A chacun sa réaction en ce début d'année face à la hausse quasi générale des prix, particulièrement ceux relevant de l'alimentaire. Des hausses justifiées dans le cadre de la loi de finances 2017 dans certains cas, et injustifiées dans de nombreux autres cas.
Certes, les prix ont commencé à s'envoler bien avant, et même depuis plusieurs mois, mais l'augmentation s'est accentuée avec le début de l'année. C'est le cas, à titre illustratif, pour les produits laitiers, les céréales, les pâtes et les détergents, avec des variations oscillant entre 1 et 10 DA, voire plus pour certains produits. Même les légumes saisonniers, entre autres, ont vu leurs prix grimper.
C'est ce que nous avons constaté chez les détaillants et les grossistes, notamment dans les grandes surfaces. Les commerçants de gros et certains de détail ont vite fait de saisir l'occasion pour améliorer leurs marges en essayant de faire avaler la pilule sur le dos de la loi de finances 2017 (LF 2017). Les hausses ont été imposées sans que des mesures ne viennent stopper cette course au gain facile.
Des assurances, sans plus, comme c'est le cas à chaque fois. Il y a juste eu la note de la Direction générale des impôts (DGI) rendue publique la semaine dernière, venant rappeler la liste des produits impactés par la hausse de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
Ainsi, le pain, les semoules et couscous, les farines panifiables, le lait, sous toutes ses formes (conditionné en sachet ou en boîte, liquide ou en poudre, y compris les laits infantiles), les médicaments, le sucre, l'huile à base de soja, les fruits et légumes, à l'exclusion de ceux importés et ceux commercialisés par des redevables de la TVA ne sont pas concernés par la hausse des prix.
A titre illustratif, la DGI donnera comme exemples : «Un paquet de 500 grammes de pâtes alimentaires de 50 DA passera à 51 DA.
Un flacon de liquide vaisselle de 120 DA passera à 122,40 DA». Or, ce n'est pas le cas. Les prix ont augmenté cette semaine. Le litre de liquide vaisselle n'est pas cédé à moins de 140 DA dans une grande surface. Semoule, pâtes alimentaires, yaourts, fromages, lait en boîte et bien d'autres produits ne sont pas vendus au même prix que ceux de 2016, alors que pour le sucre, la hausse est effective depuis plusieurs semaines.
«A ce rythme, nos salaires suffiront à peine à couvrir nos besoins alimentaires et encore…», se plaint un père de famille. Déjà que les ménages consacrent, selon la dernière enquête de l'Office national des statistiques (ONS) datant de 2011, donc il y a près de six ans, plus de 40% de leur salaire pour l'alimentation.
Entre-temps, c'est-à-dire de 2011 à aujourd'hui, les prix ont fortement augmenté, alors que les salaires ont pratiquement stagné depuis la vague de revalorisations de 2011-2012.
Que faire alors ? L'Association de protection et d'orientation des consommateurs (APOCE) compte dès le mois de février lancer une campagne de dépôt de requêtes au ministère du Commerce pour dénoncer les commerçants appliquant des hausses sur les produits à prix réglementés. Une action initiée en collaboration avec l'Association des commerçants et artisans ainsi que d'autres associations locales de protection des consommateurs. «Nous n'avons pas de mécanisme de répression efficace.
C'est pour cela que nous comptons agir en dénonçant tout commerçant qui s'aventurera à augmenter les prix réglementés», nous expliquera M. Zebdi, avant de regretter : «Malheureusement, nous sommes impuissants devant le cas des produits dont les prix sont libres.» Pour le président de l'Apoce, cette action donnera une leçon aux producteurs et aux spéculateurs sur la capacité de réaction des consommateurs.
M. Zebdi va plus loin en accusant les producteurs d'être à l'origine du problème. Comment ? «Les marges bénéficiaires ne sont pas respectées. Ce n'est pas uniquement la faute aux commerçants qui achètent également cher leurs produits au niveau des usines. Les producteurs établissent des factures bien inférieures au prix de vente. Ce qui pousse les autres acteurs de la chaîne à rattraper le coût en revoyant les prix à la hausse.»
Les producteurs se défendent
Une accusation que réfute Slim Othmani, PD-G de NCA Rouiba, pour qui il est tout à fait normal qu'une partie des charges induites par les deux points de plus de la TVA soit supportée par l'entreprise et les consommateurs. Affirmant que les prix vont encore augmenter après les premiers épisodes de hausse dus à la dévaluation du dinar (surtout que les intrants sont dans la majorité des cas importés) et aux coûts de l'énergie, M. Othmani impute la responsabilité d'une telle situation aux pouvoirs publics qui n'ont pas fait, selon lui, le travail nécessaire pour sensibiliser sur les dispositifs de la LF 2017. «Il faut aller dans une autre logique de communication», recommandera-t-il.
Un avis que partage le PD-G du groupe SIM, Tayeb Ezzraïmi, pour lequel «il aurait fallu travailler bien avant sur la sensibilisation pour préparer les consommateurs, les commerçants et les entreprises à la révision à la hausse de la TVA. Maintenant, le coup est parti.» «Il fallait préparer les commerçants à réduire leurs marges bénéficiaires», regrette-t-il.
Et d'enchaîner : «On a préparé la loi dans sa grandeur et dans sa globalité sans prendre en compte tous ces paramètres.» «Gérer, c'est prévoir», rappellera-t-il, soulignant qu'à son niveau les prix n'ont pas bougé et que les contrôleurs internes multiplient les sorties pour démasquer les commerçants véreux. «Nous avons mobilisé plus de 150 contrôleurs qui sillonnent les différents commerces à travers le pays pour vérifier s'il y a eu des augmentations illégales.» Un travail qu'ont également engagé les services du ministère du Commerce ces derniers jours face aux grands écarts entre les prix d'avant 2017 et ceux d'aujourd'hui. Mais cela reste insuffisant.
Pour Hadj-Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), il y a lieu de plafonner la marge bénéficiaire de tous les intervenants de la chaîne. «Il faut réfléchir à d'autres outils et mécanismes de lutte contre la spéculation et le monopole plus efficaces. Il est urgent de promulguer une loi qui fixe clairement les marges bénéficiaires des commerçants pour mettre fin à ces hausses des prix», a-t-il estimé dans son intervention la semaine dernière sur la Radio nationale. Une solution que préconise également le premier responsable du groupe SIM. L'association des consommateurs compte dans ce sillage proposer au ministre du Commerce et au Premier ministre une série de suggestions et de recommandations concernant le plafonnement de la marge, la lutte contre le marché informel et sur le système fiscal. L'objectif étant de mettre en place un système de régulation et d'aller vers plus de rigueur dans le contrôle.
Revoir la fiscalité
Ainsi, les commerçants ne se permettraient plus d'opérer des hausses de manière aussi exagérée avec la disponibilité de l'offre et la demande. Cela pour dire que le champ reste encore libre aux pratiques illégales. «A part des augmentations minimes à venir sur les produits soumis à la hausse de TVA qui ne sera que de l'ordre de 20 DA sur 1000 DA de dépenses, et sur les produits électroménagers qui n'interviendra qu'en juillet prochain et uniquement sur les produits importés, toutes les autres hausses intervenues ces derniers jours ne répondent à aucune disposition de la LF 2017, mais sont le fait de spéculateurs bien implantés dans les réseaux de distribution depuis les années 90' face à un Etat qui est dans l'incapacité de contrôler le circuit en entier, essaie de se rattraper sur les segments visibles et les maillons faibles que sont les producteurs et les consommateurs locaux.»
C'est ainsi que résumera la situation l'économiste Ferhat Aït Ali, pour qui les tenants du marché informel se sont servis bien avant l'Etat des deux points de hausse de la TVA. Comment expliquer cela : «Faute d'une fiscalité logique et bien cernée», répondra-t-il.
Et de poursuivre : «Tout système de régulation bureaucratique va encore accentuer le marasme en y introduisant encore le virus de la corruption qui demande plus de fonds, donc plus d'argent à piquer aux citoyens ; c'est tout un cycle infernal à casser, non pas en reproduisant les réflexes à sa genèse, mais en les annihilant à la base par un système économique rationnel ni permissif ni répressif, obéissant à des lois claires et non à des opérations administratives opaques et suspectes.» Pour cela, l'urgence est de revoir son système fiscal «avec des règles mathématiques et pas avec des cogitations bureaucratiques», tel qu'indiqué par l'expert. D'autres experts préconisent même de baisser les impôts. Rabah Cheriguène abonde dans ce sens.
Affirmant que les nouveaux taux de TVA pour l'année 2017 impacteront directement sur le pouvoir d'achat des consommateurs et rappelant que l'effet de cette variation de la TVA sur les prix dépend du comportement des entreprises, M. Cheriguène estime que les chefs d'entreprise doivent faire un arbitrage.
Autrement dit, «augmenter leurs prix ou diminuer leurs marges.» Or, notera-t-il, «il existe des seuils psychologiques. Le consommateur attentif au prix final peut renoncer à un achat si le prix passe par exemple de 100 à 130 DA.»
Expliquant par ailleurs que la TVA se répercute non pas sur les prix, mais en amont sur les revenus, il fera remarquer que l'impact dans le court terme se traduira par une baisse des profits et à plus long terme par la baisse des rémunérations. Si les salaires ne bougent pas, le pouvoir d'achat ne fera que se dégrader.
L'impérative création des richesses
«On peut d'ailleurs dire que de manière générale toute augmentation d'impôts détruit les incitations à produire, à travailler, à entreprendre, à épargner et à investir. Cela s'applique évidemment à la TVA. C'est pourquoi, dans les circonstances actuelles, une seule politique s'impose : la diminution des dépenses publiques. Et il serait même très souhaitable de baisser les impôts pour restaurer les incitations productives et laisser les entrepreneurs investir et créer des richesses pour pouvoir diminuer l'ensemble des impôts», préconise M. Cheriguène.
Or, l'Etat n'est pas dans cette logique, selon Slim Othmani, car, dira-t-il, «il n'y a pas que les lobbys à défendre, mais il y a aussi des intérêts.» Et à M. Aït Ali de conclure : «Les réformes ne sont pas à l'ordre du jour de Abdelmalek Sellal et du reste de l'équipe des bureaucrates au gouvernement, car cela signifierait la fin de leur emprise sur la société ; ce n'est ni dans leurs cordes ni de leur monde.»


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