Selon Mostapha Zebdi, président de l'APOCE, les prix des produits alimentaires de première nécessité sont de plus en plus chers avant même l'adoption par les deux chambres du Parlement de la loi de finances 2017. « Cette flambée des prix a commencé à l'annonce même de la LF 2017 », s'est révolté notre interlocuteur. « C'est le même scénario que celui de 2016 où la hausse des prix avait commencé avant même l'entrée en vigueur de la LF 2016 », fait-il remarquer. Une virée dans les différentes supérettes de la capitale confirme les propos de M. Zebdi. Les pois chiches sont proposés à 320 DA le kg contre 280 DA le kg il y a quelques jours seulement et ce, selon la marque. Les lentilles empaquetées sont passés de 190 DA le kg à 220 DA le kg, et de 180 DA les pois cassés à 230 DA le kg. De même pour le riz de fabrication locale, le prix est passé de 110 DA le kg à 150 DA le kg (simple, long ou étuvé). Tels sont les prix affichés sur les étals, laissant les consommateurs perplexes de-vant cet état de fait. Selon le même responsable, le prix de la banane a fait un bond sensible passant de 250 à 350 DA le kilo. Pour M. Zebdi, cette application est injuste et les spéculateurs n'en font qu'à leur tête. Qu'est-ce qui permet aux commerçants d'augmenter les prix de façon injustifiée et non rationnelle ? s'est-il interrogé. « Certains produits ne sont même pas cités dans la loi de finances 2017 », confirme-t-il. « Les commerçants ont anticipé et cela porte directement atteinte au pouvoir d'achat des consommateurs », poursuit le même responsable. Il maintient que l'actuelle hausse des prix n'est pas réglementée et ne devrait même pas avoir lieu. Les raisons ? Il explique : « Le prix des légumes secs et celui du café connaissent actuellement une baisse dans les marchés internationaux ». Raison pour laquelle l'APOCE appelle les pouvoirs publics à intervenir d'urgence et à lutter contre cette forme de « banditisme ». Selon lui, ce sont les responsables de la répression des fraudes et du contrôle des prix qui doivent prendre les mesures nécessaires contre les opérateurs économiques, les grossistes et certains détaillants qui se livrent à ce genre de pratique sans tenir compte de la situation dans laquelle vivent les petites bourses. « Certes, nous sommes à l'ère du marché libre, mais il ne faut pas dépasser les limites », s'insurge notre interlocuteur. D'où l'urgence, poursuit-il, de sanctionner cette infraction avant l'entrée en vigueur de la loi de finances 2017. « Une fois concrétisée, l'application se fera de façon proportionnelle avec un impact de 2% sur le produit », explique le même responsable. Au final, le consommateur s'offrira un produit qui a fait l'objet d'une double augmentation. Pour sa part, Abdelkader Bouchrit, secrétaire national de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), l'augmentation enregistrée n'est pas si élevée que cela. Il estime qu'elle est inférieure à celle de 2015. « Les prix sont revus à la hausse chaque année durant la même période en raison de la faible production locale de légumes secs estimée actuellement à 15% », explique-t-il. Selon le même responsable, pour éviter ce genre de désagrément, il est impératif d'encourager la production nationale et de réduire le volume des produits. « La hausse des prix qui intervient à cette époque de l'année n'a rien à voir avec la LF 2017 », dit-il. « C'est la dévaluation du dinar qui en est à l'origine », poursuit-il. Raison pour laquelle, ajoute M. Bouchrit, « l'Etat doit intervenir pour sécuriser le dinar et mieux maitriser la situation afin de freiner l'inflation ».