Les producteurs ont appliqué, dès le premier jour de l'année, les nouveaux tarifs. Des produits de première nécessité ont connu une augmentation de leurs prix au premier jour de l'année. Dans des magasins et supérettes, de nouveaux tarifs sont affichés. «Les plus touchés sont les produits laitiers. Les producteurs ont appliqué, dès le premier jour, les nouveaux tarifs. Il y a une hausse d'au moins 2 DA sur les yaourts», signale le gérant d'une supérette à Hussein Dey (Alger), qui s'est approvisionné le matin même chez ses distributeurs habituels. La loi de finances 2017 entrée en vigueur a prévu une augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), de la taxe sur les produits pétroliers pour les carburants et de la taxe intérieure de consommation (TIC). «Les prix de la semoule ou des laitages ont augmenté dès le premier jour, alors que les gérants disposent d'un ancien stock. Il y a même une hausse des prix des produits subventionnés, comme le sucre et l'huile. Les légumes secs déjà chers sont écoulés à 5 DA de plus. Le pois-chiche conditionné des différentes marques est à plus de 340 DA le kilo», relève un client d'une grande supérette de Bab El Oued (Alger). La tendance haussière n'est pas généralisée ; des commerçants ont préféré afficher les anciens tarifs de leur marchandise stockée. «Il y a des commerçants qui se sont empressés d'appliquer les nouveaux tarifs en calculant la TVA (passée de 17 à 19%, ndlr). Des détaillants qui se sont approvisionnés aujourd'hui en produits laitiers ont répercuté l'augmentation décidée par les laiteries. Moi, j'écoule un ancien stock et donc je n'ai pas encore appliqué les nouvelles augmentations par respect pour ma clientèle de plus de 20 ans», estime le vendeur d'une mini-supérette qui a pignon sur la rue Rouchai Boualem à Belouizdad. Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce) confirme une «flambée des prix injustifiée» dès le premier jour de l'année. «Cette hausse n'est pas proportionnelle aux augmentations contenues dans la loi de finances 2017», constate M. Zebdi, qui s'attend à une «flambée continuelle» des tarifs des produits, surtout après épuisement des stocks. Hausses injustifiées Selon le président de l'Association des commerçants et artisans algériens (ANCA), El Hadj Tahar Boulenouar, «rien ne justifie» ces augmentations puisque les producteurs et les importateurs distribuent des produits déjà stockés, donc achetés aux anciens tarifs. La hausse des prix des produits a été ressentie en fin d'année 2016, avant l'entrée en vigueur de la loi de finances 2017. Selon le président de l'Apoce, il y aurait eu une hausse de l'approvisionnement supérieure à la normale de 20 à 30%. Explication : les rumeurs de grève des commerçants. «La rumeur de grève a été propagée par des barons de la spéculation. Des jeunes ont distribué des tracts non signés appelant à la grève dans au moins deux endroits, à Khemis El Khechna (Boumerdès) et dans des quartiers à Alger, comme à Kouba. Les commerçants qui m'ont contacté ont enregistré une forte demande sur leurs produits. Des distributeurs de légumes secs au marché des produits agroalimentaires à Semmar (Gué de Constantine, Alger) ont écoulé fin décembre un stock qu'ils gardaient en temps normal trois mois. Un distributeur de couches bébé de la périphérie d'Alger a vendu tout son stock en quelques jours», constate El Hadj Tahar Boulenouar. Il reconnaît que des hausses ont été enregistrées plus tôt, début et mi-2016 : «La hausse était déjà là en 2016. Le café a augmenté de 40 DA le kilo, les pâtes de 5 à 10 Da, les produits de nettoyage, les cigarettes aussi. Deux raison l'expliquent : la dévaluation du dinar et l'augmentation des carburants et de l'électricité et du gaz.» Disponibilité des produits Tout en n'excluant pas une hausse, M. Boulenouar rassure sur la disponibilité des produits de large consommation. «Selon les données recueillies auprès des opérateurs, les produits comme les céréales, les pâtes sont disponibles. Ces deux derniers jours, les prix de la courgette et du haricot vert ont baissé de 30 et 20 DA. A partir de la mi-janvier, des produits de saison, comme les petits-pois, les artichauts, le chou-fleur entreront au marché de gros. Il en sera de même des produits sous serre cultivés dans le Sahara, à l'instar de la pomme de terre et de la tomate», signale l'ancien porte-parole de l'UGCAA. Afin de réguler les prix, l'Apoce revendique le plafonnement de la marge bénéficiaire. «Nous appelons au plafonnement de la marge bénéficiaire sur des produits de large consommation comme les légumes, pour que le consommateur ne soit pas touché dans sa dignité», lance M. Zebdi, qui appelle les autorités à l'organisation, par les ministères du Commerce et de l'Agriculture, de rencontres regroupant les opérateurs, les représentants des commerçants et des consommateurs pour «mettre fin à la spéculation». M. Boulenouar réclame l'augmentation de la production et une stabilisation de l'approvisionnement, l'intensification de la lutte contre le monopole de certains producteurs et importateurs, l'augmentation des stocks, mais aussi l'installation d'une culture de la consommation chez les Algériens.