Depuis quelques jours, les membres du gouvernement multiplient les appels au dialogue et opèrent, en cas de besoin, des changements de ton pour calmer des franges sociales dont les revendications deviennent insistantes. Confronté à la crise économique la plus aiguë de ces dernières années, le pouvoir tente d'éviter à tout prix une confrontation avec le front social. Depuis quelques jours, les membres du gouvernement multiplient les appels au dialogue et opèrent, en cas de besoin, des changements de ton pour calmer des franges sociales dont les revendications deviennent insistantes. Ainsi, à quelques jours d'une nouvelle protestation des syndicats de la Fonction publique, le gouvernement a délégué, officiellement, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, pour «ouvrir» le dialogue avec les syndicats autonomes. Cela a commencé dimanche par une rencontre consacrée à la loi portant régime de retraite. Pour le représentant du gouvernement, «l'année 2017 sera une nouvelle étape sur la voie du renforcement du dialogue permanent entre les autorités et le partenaire social». Par «partenaire social», le ministre ne désigne plus seulement l'UGTA, mais également les syndicats autonomes qui ont été conviés à cette rencontre. Comme le ministre n'a pratiquement rien de concret à donner, vu que la loi sur les retraites est déjà entrée en vigueur, il a formulé une promesse : les représentants des fonctionnaires seront associés à l'élaboration de la prochaine loi portant code du travail. Le gouvernement est-il sincère dans sa démarche ? «Nous prenons acte de cette nouvelle orientation», note avec prudence Lyès Merabet, secrétaire général du Syndicat national des praticiens de Santé publique (SNPSP), contacté hier par téléphone. L'homme, qui fait partie des membres actifs de l'intersyndicale, tempère son optimisme, lorsqu'il rappelle que les revendications de cette organisation «ne sont pas encore prises en charge». Cette nouvelle politique est-elle nouvelle ? Pour Meziane Meriane, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du secondaire et technique (Snapest), la rencontre de dimanche dernier a pour seul objectif de «calmer» les esprits. «Il ne s'agit que d'un dialogue conjoncturel. Nous avons déjà vécu cela en 2011 lorsqu'il y avait des troubles liés au Printemps arabe. Nous avons même été invités à participer au dialogue par la commission Bensalah. Mais le gouvernement nous a vite oubliés dès lors que le front social s'est calmé», rappelle le syndicaliste, qui a pourtant assisté à la rencontre organisée par le ministère du Travail. Pis, notre interlocuteur ajoute que le gouvernement a «empêché la commission parlementaire, chargée d'étudier la loi sur la retraite, d'inviter les syndicats autonomes». Le privilège est réservé uniquement à la centrale syndicale. «Lors des discussions sur les vrais problèmes, le gouvernement continuera de discuter uniquement avec l'UGTA», indique M. Meriane, qui ne semble pas se faire d'illusion quant au sort de cette main tendue par les autorités. Lors de la rencontre de dimanche, organisée sur instruction du Premier ministre, la centrale syndicale et certaines de ses fédérations sont apparues comme des «invités ordinaires». Ce qui ne semble pas être un lâchage de la centrale syndicale qui sera, selon toute vraisemblance, le seul futur partenaire du gouvernement lors de la tripartite.