Le ministre du travail, Mohamed El Ghazi, tiendra aujourd'hui une réunion avec les partenaires sociaux. Cette rencontre a pour objectif de traiter le dossier des retraites, actuel cheval de bataille des syndicats autonomes. Tétanisé par les émeutes qui ont ébranlé le pays début janvier, le gouvernement fait tout pour éviter une confrontation. La rencontre d'aujourd'hui nourrit l'espoir que les syndicats gèlent les actions de protestation prévues pour le 28 janvier et abandonnent leurs revendications, notamment celle ayant trait au retour à la retraite sans condition d'âge. Cependant, ces derniers ne l'entendent pas de cette oreille et affichent, d'ores et déjà, leur détermination à maintenir les mêmes revendications tout en soulignant que le déficit de la Caisse nationale des retraites (CNR) est induit par d'autres raisons que la retraite sans condition d'âge. Des propositions ayant trait au recouvrement des cotisations impayées, à la régularisation des travailleurs au noir, au gel de la caisse nationale d'assurance des chômeurs et à l'arrêt immédiat des aides allouées aux entreprises privées, qui puisent dans les caisses de l'Etat pour régler les salaires de leurs employés, ont été formulées par l'intersyndicale en guise d'alternatives à l'annulation de la retraite sans condition d'âge. La rencontre d'aujourd'hui est qualifiée d'inutile puisque la nouvelle la loi sur la retraite a été promulguée le 31 décembre dernier. Les syndicats autonomes du secteur ne comprennent pas la décision tardive du gouvernement de les associer à un dossier clos depuis déjà des semaines. «Le but de cette initiative est de calmer le front sociale qui bouillonne toujours», estime le porte-parole du conseil des lycées, Idir Achour. Contacté au téléphoné, le CLA dit n'avoir aucun espoir en cette rencontre qui est purement protocolaire. «Le gouvernement cherche par tous les moyens de gagner la paix sociale sur le dos des syndicats. Le but de cette réunion est uniquement de faire miroiter l'illusion d'un semblant de dialogue avec les partenaires», explique-t-il. Même son de cloche du côté du conseil national autonome des personnels enseignants du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste). «C'est une façon d'absorber le mécontentement de l'intersyndicale qui continue de manifester son refus quant à la réforme de la loi sur la retraite», nous a déclaré Messaoud Boudiba, qui se dit étonné par cette invitation au dialogue. «Le ministère nous a convoqués pour discuter une question déjà tranchée. Pourquoi n'est-ce que maintenant qu'ils veulent un dialogue alors que nous l'avons réclamé depuis des mois ?», s'interroge Boudiba, estimant que «l'objectif est d'amadouer les syndicats, surtout qu'ils veulent tenir des sit-in à partir du 28 janvier». Le syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) qualifie cette réunion de «décor» aux yeux de l'opinion publique. «Nous n'attendons rien de ce gouvernement qui a voulu faire cavalier seul depuis le début», a lancé Nabil Ferguenis porte-parole du Snapap. Ce dernier prend cette invitation comme une moquerie vis-à-vis des partenaires sociaux, puisque «les dés sont jetés». «Que va-t-on apporter de plus ? Il ne sera jamais question de réviser la loi sur la retraite quoi qu'on puisse dire», déplore notre interlocuteur. «C'est un mépris supplémentaire», crie pour sa part meziane meriane, porte-parole du Snapest. «On nous a méprisés lors de l'élaboration du projet de loi et voilà qu'ils nous méprisent une nouvelle fois en nous invitant à débattre pour rien», s'est-il indigné. M. meriane a fait savoir que l'intersyndicale s'est réunie hier pour coordonner ses idées et faire face à cette réunion qui au final n'apportera rien de nouveau.