L'Entreprise portuaire d'Arzew, qui représente 70% des exportations nationales en hydrocarbures, fait l'objet d'une enquête des services compétents suite à une pétition paraphée, le 28 octobre dernier, par 462 travailleurs sur 925, validée par un huissier de justice assermenté, remettant en cause "la reconduction" de la composante des membres du comité de participation de l'entreprise (CPE). Les signataires de ladite pétition (dont une copie est en notre possession) dénoncent des pratiques peu orthodoxes des initiateurs de cette opération qualifiée par un syndicaliste, suspendu la semaine dernière pour six mois de toute activité syndicale, de "hold-up" de la liberté et du droit des travailleurs à élire librement leurs délégués au sein du CPE. En effet, les travailleurs ont été invités par l'entremise d'une note d'information interne à assister à "une assemblée générale de lecture du bilan des activités du CPE et de préparation des élections", en présence d'un huissier de justice. "Quelle a était notre surprise, confiera une source interne à l'entreprise, de nous voir invités à procéder à la reconduction des membres du CPE par un vote à main levée. Non seulement cette pratique est illégale car aucun texte ne prévoit ‘‘la reconduction'' mais c'est aussi un moyen de pression et de chantage infaillible sur les travailleurs opposés ou non acquis au comité en place." Le PV d'installation du CPE, dont une copie est en notre possession, paraphé par le PDG de l'EPA et le SG de la section syndicale, mentionne : "Il a été procédé le 24 janvier 2006 à l'installation du comité de participation (reconduit) conformément aux lois en vigueur." Le 14 février dernier, l'EPA a été destinataire d'une correspondance portant référence n° 146 (dont une copie est en notre possession) de l'inspection du travail de la circonscription d'Arzew, territorialement compétente, qui rejette purement et simplement la procédure de "reconduction" employée pour le maintien du comité en place. Il est stipulé clairement : "Il m'a été donné de constater que cette reconduction s'est déroulée suite à une assemblée générale et non pas suite à des élections à bulletins secrets tel que contenu dans les dispositions de l'article 11 du décret exécutif n°90/289 du 29 septembre 1990 relatif aux modalités d'organisation des élections des délégués du personnel, modifié et complété par le décret exécutif n°97/248 du 8 juillet 1997. A cet effet, vous êtes dans l'obligation de vous conformer dans un délai de trente jours aux dispositions contenues dans le décret suscité notamment en ses articles 2 et 3." Contacté à ce propos, le PDG de l'Entreprise portuaire d'Arzew, M. Hadjioui, nous confiera : "C'est une question organique qui concerne le syndicat et non pas l'employeur que nous sommes, ceci dit, mon sentiment sur la question est qu'il serait plus judicieux d'effectuer des élections pour mettre fin définitivement à toute cette agitation." Selon notre source, "toute cette agitation pour le maintien en place et la reconduction de la même équipe et les tentatives de le réduire au silence sont des manœuvres visant à masquer des dérapages très graves". Outre les anomalies relevant, selon ses propos, de la "mauvaise gestion", il citera l'expertise effectuée par un cabinet d'expertise comptable d'Oran sur la gestion des œuvres sociales portant sur la période allant de 1996 à 1999 (rapport d'expertise en notre possession) faisant état d'un trou financier de 1.386.918, 80 DA. En effet, le rapport en question stipule en conclusion que "l'analyse et l'étude des états financiers remis ont décelé un écart comptable global d'un million trois cent quatre-vingt-six mille neuf cent dix huit dinars et quatre-vingts centimes injustifiés avec une prise en compte d'une marge bénéficiaire de 1%". A ce propos, l'on saura qu'en son temps, le rapport d'expertise a été remis au parquet d'Arzew et à la sûreté de daïra, mais, comme par enchantement, la plainte a été finalement abandonnée. Une source interne nous confiera que "cette affaire a été traitée par la chambre administrative d'Oran qui aurait, semble-t-il, conclu à un non-lieu". Cette affirmation n'a cependant été étayée par aucun document le prouvant. La question reste donc entièrement posée ? Pour l'heure, le syndicaliste "rebelle" mène une bataille de front contre ce qu'il qualifie de "dérapages dangereux et d'hégémonie d'une caste sur un secteur qui représente à lui seul 70% des exportations nationales en hydrocarbures. L'on saura que des dossiers ont été remis à toutes les instances concernées, y compris l'inspection du travail d'Oran, pour tirer au clair cette affaire.