La défaillance du transport portuaire des hydrocarbures cause annuellement au Trésor public une perte de 60 à 70 millions de dollars. Tout comme elle entame sérieusement «l'image de marque» de Sonatrach vis-à-vis de ses partenaires étrangers tant elle peine à assurer convenablement le transport de sa production vers les pays demandeurs. Décidée à apporter «les changements avant de les subir», Sonatrach - avec l'appui du ministère de l'Energie et des Mines ainsi que celui des Transports - a paraphé, hier au siège de sa direction générale à Hydra, un protocole d'accord portant création d'une Société de gestion et d'exportation des terminaux marins à hydrocarbures (STH) avec les entreprises portuaires d'Arzew, Béjaïa et de Skikda. La future société, selon le P-DG de Sonatrach, M.Mohamed Meziane, aura pour objet la gestion, l'exploitation, l'entretien et le renouvellement des ouvrages d'infrastructures ainsi que l'installation de divers outillages nécessaires à l'expédition et à la réception de produits hydrocarbures par voie maritime. Comme elle aura pour mission la mise en place et le développement de moyens en conformité avec les normes reconnues en matière de santé, de sécurité et de protection de l'environnement. «Ce travail, qui a été entrepris suite aux décisions du conseil interministériel du 26 janvier 2003, a pour but d'introduire un nouveau mode de gestion et d'exploitation des terminaux à hydrocarbures», a déclaré le ministre de l'Energie est des Mines, M.Chakib Khelil, tout en précisant que cette nouvelle société sera dotée d'un capital social d'un milliard de dinars, réparti entre la Sonatrach avec 60% des parts, l'Entreprise portuaire d'Arzew avec 20%, l'Entreprise portuaire de Skikda avec 15% et l'Entreprise portuaire de Béjaïa avec 5%. Aussi, Khelil a indiqué que l'autre objectif ayant motivé la création de la STH est de couvrir les besoins de l'exportation «qui sont en constante augmentation». Des exportations qui représenteront, en termes de volume, 125 millions de tonnes-équivalent-pétrole (TEP) à l'horizon 2009, contre 109 millions de TEP en 2003. Les autres produits, bruts ou raffinés, connaîtront également une nette augmentation. Parallèlement à la constitution de cette société mixte, Khelil a annoncé la réalisation de 5 postes de chargement d'hydrocarbures liquides en haute mer. Ce qui portera les capacités de chargement actuelles à 210 millions de tonnes en 2009. Le projet STH se veut - sur un autre plan- un rempart contre une éventuelle situation risquant de perturber le marché pétrolier. Pour le ministre de l'Energie, l'augmentation actuelle des prix du pétrole n'est que le fait «d'un équilibre précaire entre l'offre et la demande», ingénieusement exploité par «les spéculateurs». Et le retour à la normale (c'est-à-dire la rechute des prix), a-t-il ajouté, n'est point à écarter. D'où la nécessité de s'accommoder d'un système de transport portuaire performant qui contribuerait à l'accroissement de la production comme recours compensatoire. Les signataires de l'accord - qui sont le représentant de Sonatrach et les P-DG des entreprises concernées - unanimement tablent sur le succès du projet. Le ministre des Transports, M.Mohamed Maghlaoui, convié à la cérémonie, a été du même avis. Ils attendent, confiants, que la STH insuffle une nouvelle dynamique portuaire à même de colmater la brèche d'où s'échappent des millions de dollars.