Le but est d'éclairer la société et d'amener les autorités à agir en faveur de ces joyaux naturels. Interpellés au plus haut point par la dégradation des jardins publics de la ville de Biskra et leur gestion qu'ils qualifient d'«aléatoire», un groupe de citoyens, dont des retraités de différents secteurs, des professeurs de l'université Mohamed Khider, des botanistes, des agronomes, des agents de la conservation des forêts et même des artistes des beaux-arts et des gens de lettres, se sont dernièrement constitués en une association communale, a-t-on appris. Afin de participer à la protection, la vivification et la perpétuation des 4 espaces verts historiques de la Reine des Zibans que sont le jardin du 5 Juillet (J'nen beylek), le jardin Landon, celui du Square du 20 Août et celui de la place Ben M'Hidi, ces amoureux de verdure et de leur ville se proposent d'élaborer un véritable plan de sauvetage d'urgence de ces jardins qui sont, selon leurs constatations, dans un état de délabrement avancé du fait de l'abandon, de la négligence et du laisser-aller, pour certains, et de mauvais plans de réhabilitation et d'entretien, pour d'autres, expliquent-ils dans un communiqué rendu public. Ils entendent par leurs actions éclairer le grand public et la société civile sur le devenir de ces joyaux naturels et amener les autorités locales à agir sérieusement en faveur de ces superbes îlots de verdure, dont peu de villes algériennes peuvent se targuer d'en posséder de similaires. Ils projettent d'initier des colloques et des campagnes de sensibilisation et d'information pour propager et vulgariser une «conscience écologique sociale et inciter à des comportements pro-écologiques en faveur de ces jardins historiques uniques en leur genre», soutiennent-ils. Ils planifient aussi de créer une pépinière, dont les plants seraient issus des essences et des espèces végétales rares, rustiques ou tropicales constituant ces jardins. A partir de cette pépinière, toutes les communes de Biskra et des wilayas environnantes pourraient être pourvues en arbrisseaux de différentes espèces adaptées au climat de la région, est-il ajouté. Le renouvellement et la modernisation des techniques culturales, ainsi que la préservation des arbres centenaires de ce quatuor végétal, la mobilisation de toutes les énergies et des bonnes volontés pour refaire de ces jardins des lieux de rencontres et de loisirs pour tous les habitants de Biskra et des passagers et touristes ainsi que le lancement d'une opération de lobbying pour créer un autre jardin botanique à Biskra, comme celui créé au XIXe siècle par le Comte Landon, sont au menu de cette nouvelle association, dont les rênes ont été confiées à Mohamed Hayouni. Toujours aussi alerte et passionné, celui-ci est un fils de la ville ne mâchant pas ses mots. «Il ne sert à rien de passer son temps à se lamenter sur la détérioration de notre ville et de notre mode de vie. Avec des amis et des connaissances, nous avons entrepris de fonder cette association pour participer au sauvetage de nos jardins historiques. Nous appelons à l'adhésion de tous sans exception. Nous avons des jardins exceptionnels requérant une véritable prise en charge pour les rendre luxuriants et odorants comme par le passé. Il est quand même aberrant que les Européens, avec des moyens rudimentaires, aient réussi à créer ces jardins splendides en plein désert, alors que nous, avec toutes les connaissances agronomiques et agricoles dont nous disposons aujourd'hui, nous n'ayons jamais créé d'édens aussi beaux depuis 1962. Nous devons mettre en valeur ces trésors végétaux recelant des espèces végétales n'existant nulle part ailleurs et profiter de leur richesse avant qu'ils ne disparaissent définitivement faute de conscience citoyenne et de mesures effectives. Notre souhait est de voir les poumons de Biskra s'épanouir, se pérenniser, s'élargir et se dédoubler», nous a confié notre interlocuteur.