Les promesses faites par Donald Trump à ses électeurs lors de sa campagne n'étaient finalement pas du vent. A travers les nombreuses décisions prises cette semaine, le successeur de Barak Obama à la Maison Blanche entend certainement faire comprendre qu'il ne bluffait pas. Malgré le fait que son cabinet ne soit pas encore formellement constitué (le Sénat n'ayant pas encore confirmé son choix du secrétaire au Trésor, du secrétaire au Commerce ou du directeur du Budget) et qu'il dispose par conséquent de pouvoirs concrets limités, Donald Trump a tout de même tenu à mettre en branle sa machine à réformes. Il semble tenir à réaliser toutes ses promesses, y compris les plus contestées. Ainsi qu'il l'avait promis à ses électeurs, le 45ème président des Etats-Unis a signé lundi un décret interdisant le financement d'ONG internationales qui soutiennent l'avortement. Une décision prise au lendemain du 44e anniversaire de «Roe V. Wade», l'arrêt emblématique de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement en 1973 aux Etats-Unis. Tout un symbole. Légiférant toujours par décret, le Président américain a ordonné aussi le même jour le gel des embauches au niveau fédéral, sauf pour l'armée, réalisant là aussi une autre de ses nombreuses promesses de campagne. L'Obamacare supprimée Ces premières décisions qui incluent la suppression de l'Obamacare ont réjoui les élus républicains mais plongé en même temps le reste de l'Amérique dans l'inquiétude. «Le président Trump ne perd pas de temps pour mettre en œuvre ses promesses», a déclaré le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, dans un communiqué. En gelant les embauches fédérales, «il a fait un premier pas déterminant vers le contrôle de la bureaucratie à Washington. Nous avons hâte de travailler avec le Président pour renforcer ces actions et offrir des résultats au peuple», a-t-il ajouté. Comme annoncé également durant sa campagne, Donald Trump a signé l'acte de retrait des Etats-Unis du Traité de libre-échange transpacifique (TPP), dont l'Administration de Barack Obama avait pourtant fait l'une de ses priorités. «Nous en parlions depuis longtemps», a-t-il déclaré aux journalistes présents lors de la signature dans le Bureau ovale, jugeant que le retrait du TPP était «une bonne chose pour le travailleur américain». Vu comme un contrepoids à l'influence grandissante de la Chine, ce traité a été signé en 2015 après d'âpres négociations par 12 pays d'Asie-Pacifique représentant 40% de l'économie mondiale. Le président républicain entend visiblement redessiner au plus vite les contours des accords commerciaux liant les Etats-Unis au reste du monde. Toujours au plan international, les Etats-Unis ont réitéré cette semaine leur souhait de se rapprocher de la Russie, en dépit les objections de la CIA et du FBI. La haine des migrants Donald Trump a pour ainsi dire achevé sa première semaine en tant que président des Etats-Unis en s'amusant à détruire méthodiquement l'héritage de Barack Obama et en annonçant le lancement prochain de la construction d'un mur entre son pays et le Mexique pour faire barrage au trafic de drogue et à l'immigration clandestine latino-américaine. « La construction du mur va commencer dès que possible. Je dirais, c'est une question de mois», a-t-il révélé mercredi lors d'une interview télévisée sur ABC. Bien évidemment, il a signé un décret qui prévoit l'allocation de fonds pour créer ce mur à la frontière, la pièce maîtresse de son dispositif. Dans la même interview, Donald Trump assure que le Mexique remboursera à « 100 %… même si le montage sera peut-être complexe». La décision a été immédiatement dénoncée par Mexico. Dans la journée, il s'était rendu au département de la Sécurité intérieure (DHS) pour signer une série de décrets visant à stopper l'immigration illégale. Les 11 millions de sans-papiers qui vivent aux Etats-Unis posent, selon lui, de gros problèmes de sécurité et «piquent» les emplois aux Américains. «Nous allons restaurer l'Etat de droit aux Etats-Unis», a affirmé Donald Trump devant les employés du DHS. Comme par hasard, l'administration a choisi d'annoncer ces mesures anti-immigration le jour où devait arriver à Washington une délégation mexicaine conduite par le ministre des Affaires étrangères. Du coup, les Mexicains y ont vu une provocation et appellent Enrique Peña Nieto à annuler sa visite à la Maison-Blanche prévue la semaine prochaine. La tournure prise par les événements a effectivement fini par convaincre le président mexicain de ne pas se rendre Washington. La rencontre avec Donald Trump était prévue pour le mardi 31 janvier. Le président américain lui avait auparavant conseillé, sur Twitter, de renoncer à ce déplacement s'il n'était pas prêt à financer son projet de mur frontalier. En clair, le successeur d'Obama voulait aller au clash avec son homologue mexicain.Donald Trump ne s'est pas arrêté là. Il a signé jeudi d'autres mesures destinées à limiter l'accès du territoire aux réfugiés, notamment syriens. Toutes les demandes de visas venant de ressortissants de sept pays musulmans ont été par ailleurs gelées temporairement. Bien évidemment, toutes ces mesures ont soulevé une vague d'indignation aux quatre coins de la planète. Et ça ne semble être que le début. Donald Trump aura eu au moins le mérite de donner, en une petite semaine, un aperçu clair de la manière avec laquelle il concevait les relations de son pays avec le reste du monde.