Est-il possible de rendre des ville comme Alger, Guelma ou Tamanrasset intelligentes ? C'est pour répondre à cette question qu'une dizaine d'experts se sont réunis, mercredi soir, au Centre international des conférences (CIC) d'Alger. Dans une rencontre placée sous le thème «Vision future des villes algériennes», organisée par l'entreprise Ad Display, les conférenciers venus des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, d'Espagne et d'Algérie ont donné le mode d'application d'une Smart-city dans une ville comme la capitale afin de la rendre plus participative, collaborative et équitable dans un contexte digital et innovant. En fait, qu'est-ce qu'une Smart-city ? Une ville intelligente est une ville moderne qui doit avoir pour principal objectif le développement durable en réunissant trois aspects essentiels, à savoir le développement social, l'évolution économique et la réduction des effets néfastes sur l'environnement. Ce n'est pas tout. Une Smart-city doit également garantir le principe de l'inclusion en développant la qualité de vie de ses citoyens à travers des systèmes modernes d'éducation, de santé et de sécurité. Un défi à relever Pour les organisateurs, l'Algérie est face à un véritable défi : assurer une gestion intelligente pour des villes modernes où il fait bon vivre tout en optimisant les coûts. «Ceci ne relève plus de l'imaginaire, mais de la réalité qui a fait ses preuves dans plusieurs villes du monde et qui commence à faire ses premiers pas en Algérie, explique Mohamed Hadj Saïd, PDG d'Ad Display. L'Algérie connaît aujourd'hui une crise qui a poussé les pouvoirs publics à envisager des mesures ayant pour but l'optimisation de gestion des ressources financières et naturelles, mais aussi à offrir un cadre de vie agréable aux citoyens. Par ailleurs, elle s'inscrit dans une vision de gestion par les TIC et cela se ressent ne serait-ce que par le modèle urbain de la ville de Sidi Abdellah, ou alors la dotation en mobilier urbain intelligent, comme les aubettes connectées (abribus) installées à la place Maurice Audin, dans la wilaya d'Alger, et à Sétif. Cela prouve que les premières fondations de la Smart-city sont réalisées.» Selon Mme Pilare Conesa, PDG de l'entreprise Anteverti, basée à Barcelone (Espagne), une ville intelligente doit être durable, connectée, innovante et collaborative. Plusieurs villes, notamment en Afrique, ont créé et adopté leurs propres modèles. Donc, pourquoi pas l'Algérie ? Des exemples présentés par Abdellatif Bouziani, PDG du groupe Smart East Africa Telecom, démontrent toute la faisabilité de ces modèles en Algérie. Avec des prévisions de la Banque mondiale faisant état de 73,96% de population urbaine à l'orée 2030 en Algérie, l'urgence est bel et bien décrétée. Un mode d'emploi à suivre Le facteur humain est très important. Pour Jose Luis Esteva, PDG de la Smart City de Barcelone, maîtriser une Smart-city ne peut se faire qu'à travers un véritable investissement dans les ressources humaines. De ce fait, et à travers l'exemple de la ville de Barcelone, la formation devient un impératif. Puisant de son expérience en tant que consultante en chef à l'entreprise Anteverti Smart City de Barcelone, Irène Compte considère que «le plus cool» dans le concept de la cité intelligente est qu'elle pousse les citoyens vers ce qu'ils aimeraient réellement avoir, soit vers des fonctionnalités qui rendraient la vie plus facile et la gestion de la ville meilleure et plus intégrée. «Les principales bases d'une cité intelligente sont en premier lieu des citoyens actifs qui aspirent à plus d'interactivité avec leur ville, une technologie digitale prête à révolutionner les services de la ville et l'implication des différentes institutions à travers des actions ciblées afin de rendre l'utilisation de ces nouveaux moyens effective. Le 4e pilier est le monde du business qui est un partenaire obligatoire pour la réussite du modèle de la cité intelligente», déclare-t-elle. Pour cette jeune experte, il existe 4 éléments essentiels pour la réussite de la transformation vers ce modèle de ville du futur. En premier lieu, il est obligatoire de changer de mentalité envers les institutions publiques. Celles-ci doivent, selon ses propos, considérer les citoyens et les hommes d'affaires comme des partenaires actifs. Il est également impératif d'accroître la capacité des institutions publiques dans l'utilisatioon des nouvelles technologies et l'ouverture des canaux de communication pour une meilleure participation et un véritable engagement des partenaires. Ceci, sans pour autant oublier l'élément-clé qu'est le leadership. Les conférenciers ont à l'unanimité conseillé aux présents et à tous des responsables locaux de s'inspirer des expériences faites ailleurs afin de créer le modèle d'une ville 2.0 purement DZ. Le président de l'APC d'Alger-Centre, M. Bettache, n'a pas caché son enthousiasme et s'est engagé à faire de sa commune une smart-city pilote.