La question sensible des droits de retransmission des matchs de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) a été abordée par les dirigeants africains lors du 28e sommet de l'Union africaine (UA), tenu lundi et mardi à Addis-Abeba (Ethiopie). D'une seule voix, ils ont dénoncé les «droits prohibitifs et inconsidérés de diffusion télévisuelle de la CAN-2017 au Gabon». Pour rappel, les détenteurs des droits acquis auprès de SportFive, filiale du groupe français Lagardère, ont placé la barre très haut à tel point que de nombreux pays ont été obligés de faire l'impasse sur les images de la CAN-2017 proposées à des prix qui frisent l'entendement. La Télévision algérienne et pour la première fois de son histoire a refusé d'acheter les droits de retransmission de la compétition en raison du prix réclamé par beIN Sports qui a acquis les droits de cette manifestation sportive pour la région Mena. L'Egypte, le Maroc et la Tunisie ont emboîté le pas à l'Algérie et refusé le diktat des qataris. Les télévisions africaines avaient protesté et dénoncé la mainmise du groupe Lagardère sur la plus prestigieuse des compétitions continentales qui, finalement, a pénalisé des millions de citoyens africains privés de suivre les rencontres de la CAN à travers le petit écran. Des voix s'étaient élevées un peu partout sur le continent pour demander l'intervention des Etats pour faire cesser le chantage exercé par la Confédération africaine de football (CAF) et les détenteurs des droits de la CAN. Dans une motion adoptée à Addis-Abeba, les chefs d'Etat et dirigeants africains «ont dénoncé et condamné avec la plus grande fermeté et vigueur l'injustice faite à la jeunesse africaine au moment même où elle célèbre l'un des événements les plus fédérateurs, et au retentissement planétaire, la Coupe d'Afrique des nations de football. Nos populations partout en Afrique se voient malheureusement empêchées et frustrées de suivre et vivre avec joie ces moments de liesse africaine en raison de la position monopolistique aux relents purement mercantiles qu'exercent les lobbies et les puissances de l'argent internationaux sur le contrôle direct des droits de télévisuels». La réaction des dirigeants africains va changer beaucoup de choses dans le domaine des droits de retransmission des événements sportifs africains. Ils ont préconisé de «voter une loi relative aux conditions de retransmission des compétitions sportives africaines», exhortant les Etats à prendre des initiatives dans ce sens. La Confédération africaine de football (CAF) est la première visée par ce tir groupé des dirigeants africains. Va-t-elle revoir sa stratégie dans ce domaine ? Il lui sera difficile, dans un premier temps, de satisfaire l'exigence des dirigeants de l'Union africaine alors qu'elle vient juste de concéder les droits de ses compétitions au groupe Lagardère. Le conflit UA-CAF sur les droits de retransmission des compétitions sportives ne fait que commencer.