Dans une lettre-pétition adressée au wali, les riverains demandent la délocalisation des vendeurs ambulants installés dans leur quartier depuis une dizaine d'années. Le commerce informel se comporte à Constantine comme les cellules cancéreuses, face auxquelles les «mesurettes» apportées par les pouvoirs publics font sourire de désespoir. Dans la commune d'El Khroub, les 12 marchés de proximité sont inoccupés, ou presque, alors que l'espace public est gangrené par les étals illicites. Au chef-lieu de la commune, à Massinissa et Ali Mendjeli, les marchés de proximité créés par l'Etat à l'effet d'éradiquer les souks informels et organiser l'activité, ont débouché, deux ans après, sur un échec aussi cuisant qu'inattendu. Les commerçants, chouchoutés par l'Etat et invités à s'installer dans des locaux propres et organisés, ont décliné, après coup, l'offre, préférant les trottoirs et les chaussées pour exercer leur métier. Très curieux ! Mais cette situation n'est pas inédite, car le phénomène a été signalé dans plusieurs communes. Ceci dit, à El Khroub, le problème remonte en surface grâce au collectif des habitants de la cité des 1039 Logements, située au bout du fameux quartier Tanja. Dans une lettre-pétition adressée cette semaine au wali de Constantine, les riverains demandent la délocalisation des marchands ambulants installés dans leur quartier depuis une dizaine d'années. «Nous vous prions de prendre les mesures nécessaires et urgentes afin d'interdire aux vendeurs anarchiques d'exercer leur activité illicite de vente de fruits et légumes à l'entrée de la cité, en occupant la chaussée publique depuis plus de dix ans, en gênant la circulation et défigurant le visage du quartier avec des étals et des baraques en tôle, en bois et en plastique, à quoi s'ajoutent l'irrespect envers les passants et les riverains, l'anarchie, et aussi la gêne de l'accès des malades à l'Office national des appareillages des personnes handicapées», lit-on dans le document. Les 1039 Logements, situés en plein centre-ville, souffrent en effet d'un cadre de vie des plus insupportables. Tout effort d'amélioration est inutile face au diktat des commerçants. Le préjudice est porté au cadre de vie, du fait que les vendeurs «oublient» le soir de nettoyer les lieux des déchets accumulés pendant la journée. Cette insalubrité n'a pas manqué d'attirer les marginaux qui s'y sont installés pour pratiquer quelques activités juvéniles et provoquer des accrochages avec les riverains, soulignent encore les signataires de la pétition. Pour mettre fin à cette situation, les riverains croient saisir l'occasion du chantier d'amélioration urbaine, dont bénéficie actuellement leur quartier, et qui a «chassé» momentanément les commerçants, pour inciter les autorités à éradiquer le marché. Malgré la maladresse de la «flèche» adressée au président de l'APC du Khroub en bas de cette lettre, il faut reconnaître que les autorités locales ont échoué à convaincre les commerçants informels à rentrer dans les marchés de proximité. La force publique n'a pas joué son rôle, et certains agents de l'ordre ont même favorisé le phénomène, en fréquentant à chaque fin de journée ces vendeurs. En matière de proximité, ces derniers sont leur préférence !