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Le tueur d'abeilles
Varroa destructor
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2017

Elle est qualifiée, sous d'autres cieux, de sentinelle de l'environnement par sa contribution au développement et à la sauvegarde de la biodiversité planétaire.
L'abeille, cet insecte qui peuple la planète depuis plus de 80 millions d'années, est aujourd'hui menacée. A cause des profondes mutations d'un environnement déréglé par les nouvelles pratiques agricoles (emploi abusif de produits phytosanitaires toxiques, remembrement, monoculture, ensilage…), près de 30% des colonies d'abeilles disparaissent annuellement depuis 1995.
Selon l'Union nationale de l'apiculture française (UNAF), en 10 ans, pas moins de 15 000 apiculteurs ont cessé leur activité en France. Et au moment où l'on s'inquiète du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles – un concept inventé pour rendre compte de la disparition massive et inexplicable de ces insectes pollinisateurs observé notamment en France et dans le reste de l'Europe en 1998 pour atteindre ensuite les Etats-Unis en 2006 – un autre danger guette cette espèce. Il s'agit d'une maladie à laquelle le Dr Noureddine Adjlane, maître de conférences au département de biologie à l'université de Boumerdès, a consacré ses travaux de recherche. «La varroase est une parasitose de l'abeille adulte et de son couvain, due à un acarien parasite externe hématophage, Varroa destructor», informe-t-il en indiquant que ce mal a été «découvert par Jacobson en Indonésie (1904) sur l'abeille Apis cerana.
Présent sur cette abeille depuis fort longtemps, un équilibre hôte-parasite est établi. C'est dans les années 1960 que le varroa a été mis en évidence sur Apis mellifera. Son rôle pathogène fut ignoré, alors que la parasitose s'est propagée avec une extrême rapidité dès 1964 dans le monde entier, ne laissant à ce jour aucune zone indemne et entraînant la mort d'un nombre considérable de colonies.»
Pour mieux visualiser le parasite criminel, le biologiste présente son portrait robot et ses habitudes de malfaiteur international. «Le varroa destructor présente un dimorphisme sexuel remarquable.
La femelle, de couleur rouge brune, a une forme elliptique. Elle mesure en moyenne 1,1 mm de long et 1,7 mm de large. Le mâle varroa se différencie de la femelle par sa petite taille, sa couleur blanche, son corps globuleux et ses pattes tendues vers l'avant. Il n'existe que dans les alvéoles au moment de la reproduction, pour cela, ses chélicères sont modifiés pour injecter les spermatophores», décrit-il pour une meilleure identification du suspect. Et comme tout criminel, le parasite s'adapte à la perfection aux habitudes de sa victime. «Le cycle de vie du varroa est strictement lié à celui de l'abeille. Il présente deux phases : phorétique sur l'abeille adulte, et reproductive dans les cellules du couvain operculé des mâles et des ouvrières. La durée du cycle évolutif est de 7 à 8 jours chez les femelles, et de 6 à 7 jours pour les mâles. Les femelles peuvent présenter quatre à cinq cycles dans leur vie», instruit le Dr Adjlane. Après cette phase de surveillance et d'adaptation, le parasite criminel commet son délit qui se manifeste par des symptômes cliniques dévastateurs pour le peuple des abeilles.
«Les symptômes cliniques de la varroase englobent des troubles du couvain et des abeilles. La présence d'un couvain irrégulier ou lacunaire avec des nymphes mortes atrophiées sous l'opercule est l'un des principaux signes de la pathologie. Sur les abeilles adultes, les symptômes sont liés surtout à la présence des ouvrières avec des ailes déformées, des abeilles traînantes et mortes», poursuit le biologiste. Et là, le mal est fait, d'autant que son maléfice est contagieux. «La varroase se propage par plusieurs voies, d'abeille à abeille, de ruche à ruche, et même d'un rucher à un autre. Cela est dû à plusieurs facteurs, soit naturels par la dérive des butineuses, l'essaimage et le pillage, ou apicole, par la transhumance et les échanges entre les apiculteurs», explique encore le docteur. Pour disséquer davantage les effets dévastateurs de notre criminel international, le maître de conférences à l'université de Boumerdès décrit les actions pathologiques du varroa destructor. «Le parasitisme du varroa destructor agit sur les abeilles adultes et sur le couvain selon trois actions : spoliatrice, mécanique et vectrice. Les prises répétées d'hémolymphe par le varroa conduisent à une diminution de son volume total, mais également de son taux de protéines, ce qui compromet le développement de la nymphe».
Ainsi, une fois agressée, l'abeille adulte voit son comportement altéré au détriment de ses tâches habituelles. «Le parasitisme entraîne des malformations et une faiblesse de la jeune ouvrière. Une forte infestation provoque la mort de nymphes avant l'émergence et la naissance d'abeilles mutilées», décrit-il encore en poursuivant : «Le rôle de l'acarien dans la transmission et la pathogénie de certains virus semble double. D'une part, le varroa, de par son rôle de vecteur, injecte les virus qu'il porte directement dans l'hémolymphe de l'abeille. D'autre part, un rôle d'activateur à travers la morsure du varroa permet l'activation de certains virus présents à l'état latent dans l'hémolymphe de l'abeille.»
Moyens de lutte
Mais comment lutter contre ce serial killer récidiviste ? Le Dr Adjlane indique que la lutte contre la varroase vise à maintenir l'infestation en dessous du seuil dommageable. Les apiculteurs disposent de plusieurs moyens de lutte : chimiques, biotechniques et naturelles. Le phénomène de résistance vis-à-vis de plusieurs molécules chimiques a été signalé par plusieurs auteurs, même ici en Algérie. «Cela a obligé les apiculteurs à s'orienter vers la lutte naturelle basée essentiellement sur l'utilisation de l'acide oxalique, formique et le thymol. Néanmoins, le contrôle des chutes des varroas sur le lange est important et permet de déterminer la période et le mode de traitement», souligne-t-il. Le varroa, en bon criminel transnational, n'épargne pas l'Algérie.
Selon le Dr Adjlane, il existerait même sur nos terres depuis 1981. «Les apiculteurs ont utilisé essentiellement la lutte chimique avec plusieurs molécules, l'utilisation intensive et incontrôlée et le non-respect de la dose et de la méthode de traitement a engendré un problème de résistance du varroa à certaines molécules (démontré par mes travaux de recherche)», informe le chercheur. Ces pratiques ont encore renforcé les effets du parasite. «Le problème en Algérie est la forte utilisation des produits non homologués, ce qui constitue un danger pour la qualité des produits de la colonie (présence des résidus) et donc un risque pour le consommateur», précise-t-il.
D'un autre côté, il est important de savoir que l'utilisation de ces produits non homologués favorise la résistance du varroa et diminue l'efficacité de lutte contre ce parasite. Le chercheur explique par ailleurs que la majorité des apiculteurs signalent que le prix très élevé des produits homologués et leur disponibilité constituent le facteur qui favorise le recours à l'utilisation de ces méthodes de bricolage. Pour rendre compte de l'actualité de cette lutte, le docteur affirme qu'actuellement «il y a plusieurs travaux de recherche sur cette pathologie, surtout sur les moyens de lutte, par exemple la collaboration entre l'université de Boumerdès — dont je suis le représentant avec l'Association des apiculteurs professionnels (ANAP) — à constituer un réseau national de surveillance du varroa.
D'autres projets de collaboration sont aussi menés sur les méthodes de l'utilisation de l'acide oxalique. La sélection des colonies d'abeilles résistantes au varroa constitue une piste de recherche et de collaboration qui sera mis en place dans les prochains mois en collaboration avec l'ANAP, l'univerisité de boumerdès, en partenariat avec un institut francais.»
Par ailleurs, le Dr Adjlane, qui est également membre d'un réseau international de chercheurs sur l'abeille (Coloss), prône la multiplication de journées d'information sur les méthodes de dépistage et de contrôle de l'infestation du varroa au profit des apiculteurs. «Dans cette optique, une journée a déjà été organisée à Blida par l'ANAP sur deux jours (le 30 octobre et le 1er novembre 2016). D'autres journées vont être organisées à l'Est et à l'Ouest», conclut-il.


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