Suite à un long combat contre la maladie, Hadj Moulay Ahmed Benkrizi, l'une des grandes figures de la musique andalouse en Algérie, a rendu l'âme, mardi dernier, à l'âge de 86 ans. Il a été enterré au cimetière de Sidi Benhaoua, en présence d'une foule nombreuse et d'artistes venus des quatre coins du pays. Moulay Ahmed Benkrizi était le premier grand maître de la musique classique post-indépendance à avoir envisagé de propager la musique andalouse sous forme d'une école moderne. Etant un grand féru de musique, il prit l'initiative de prodiguer un enseignement dans la perspective de promouvoir et préserver la musique andalouse à Mostaganem. Ayant bénéficié d'une formation au sein de la mythique école de musique andalouse EL Djazairia-El Mossilia, à Alger, il découvrit la «san'âa» grâce à ses aînés, Hadj Omar Bensemmane et Hadj Mohamed Khaznadji et voua le restant de sa carrière à ce genre de musique. A son retour à Mostaganem, âgé alors de 30 ans, il prit attache avec Hadj Bouzidi Benslimane, membre de Nadi El Hilal (le cercle du Croissant), l'une des premières associations en Algérie, créée en 1912. Ainsi, on lui a offert un espace au sein de cette association pour qu'il puisse exercer la musique andalouse et pratiquer la «nouba» au sens propre du terme en compagnie de six musiciens. De 1967 à 1773, le groupe commence à faire fureur dans la région, créant ainsi une section de musique andalouse au sein du Nadi El Hilal. Après avoir acquis un nom dans l'association, il réunit, en décembre 1992, l'ensemble des musiciens pour leur proposer de modifier le nom de l'association et de l'appeler Nadi El Hilal Ettaqafi (cercle du Croissant culturel). Après, cette association devient carrément une école de musique andalouse de «san'âa» ouverte à tout le monde, en se focalisant surtout sur l'enseignement de la «nouba». De sa relation d'élève avec Moulay Benkrizi, le professeur Noureddine Benattia nous confie qu'il était un homme très souriant, aimable mais très rigoureux dans le travail. «Le beau souvenir qu'il nous a légué, quand bien même il disposait de grands atouts, est qu'il n'a jamais accepté de se mettre en vedette ou chanter en solo, et ce, par une modestie incroyable». Ayant établi les automatismes au sein de Nadi El Hilal Ettaqafi et voyant que l'association était entre de bonnes mains, Hadj Moulay Benkrizi se retira pour un temps de répit. En 2002, il revint à nouveau sur la scène, en contribuant avec un groupe de musiciens mostaganémois, dont faisait partie son fils Fayçal, El Mathadeth et Sid Ahmed Benalioua, à la création d'un autre espace de musique andalouse : l'association Ibn Bahdja.