- Comment comptez-vous faire pour décongestionner la circulation dans la capitale ? On ne peut pas régler le problème des points noirs d'une manière ponctuelle. On règle le problème d'une manière globale, sinon on ne fait que différer les problèmes. Notre vision consiste à mettre en place un système intelligent de régulation centralisée de la circulation. Après les appels d'offres infructueux, on a en effet créé de gré à gré une société mixte algéro-espagnole spécialisée dans la régulation et la gestion de la circulation routière, selon la règle 51/49. Deux EPIC, une spécialisée dans la gestion de la circulation, l'Entreprise de gestion de la circulation et du transport urbain (EGCTU), et une autre dans l'éclairage, l'Etablissement de réalisation et de maintenance de l'éclairage public d'Alger (ERMA), ont signé en juillet 2016 un pacte d'actionnaires avec les sociétés espagnoles (Indra et Sice). L'entreprise sera chargée de la régulation centralisée de la circulation routière et de l'éclairage public à Alger. - L'entreprise a-t-elle été installée ? L'entreprise, appelée Mobeal, Mobilité et éclairage d'Alger, est installée depuis le 1er décembre dernier. Elle a son siège à Bab El Oued. Le centre de régulation est en cours de réalisation à Kouba. Dans trois mois, il sera livré clos et couvert. Après, c'est à l'entreprise de l'aménager et de l'équiper selon ses besoins. Le projet est en phase d'étude. Les délais sont de six mois. L'étude globale sera livrée progressivement. - A quoi servira concrètement le projet ? Le système de régulation nous permettra de connaître la situation de la circulation en temps réel sur l'occupation de la voie, les accidents, etc. Il consiste, en premier lieu, à recueillir l'information dans le centre de régulation de la circulation de Kouba (Ben Omar, à proximité du futur parking à étages, ndlr), sur les flux de circulation par le biais des caméras et des capteurs. On compte utiliser les caméras existantes installées dans le cadre de la vidéosurveillance. Le réseau qui maille toute la capitale est un patrimoine de la wilaya géré par la police. On va également exploiter la fibre optique. On devra donc mutualiser ces deux projets pour avoir un gain de temps et faire des économies. Dans un deuxième temps, les données recueillies seront analysées afin de dégager des solutions pour alléger et améliorer les conditions de circulation. Donc, en plus de la régulation de la circulation, le système permettra une gestion intégrée, intelligente de l'éclairage public. Il nous permettra d'économiser l'énergie, de détecter d'éventuels actes de piratage, d'augmenter l'intensité du réseau ou même de la réduire à certaines heures. Le futur centre de régulation nous permettra de répartir et d'augmenter les capacités dynamiques des infrastructures routières. Un exemple : si la rocade-sud est bloquée, il est possible d'orienter le flux vers des pénétrantes qui sont vides. - Comment les usagers de la route seront-ils informés ? Y aura-t-il une radio dédiée ? On avait préconisé de mettre en place une radio dédié. Mais on compte dans un premier temps mettre en place un site dédié, accessible grâce à la 3G. Le matin, l'utilisateur peut choisir son itinéraire. J'ai préconisé d'utiliser la radio existante. Le système de régulation s'appuiera également sur des panneaux à messages variables (PMV) qui seront installés au niveau des grands axes, des artères, les carrefours, etc. pour informer les utilisateurs. - Le projet qui devrait être finalisé au bout de 24 mois sera livré progressivement, notamment pour les zones prioritaires. Les choix ont-ils déjà été faits et sur quels critères ? Dans deux mois, il y aura une zone de préférence où le projet connaîtra sa première concrétisation. Pour le moment, on a choisi El Biar qui dispose des équipements nécessaires pour la mise en place de l'opération. D'ici là, on devra réaliser des travaux dans cette partie de la ville. Ceci dit, d'ici là l'étude que réalise la société peut éventuellement déterminer une autre zone. Le système sera généralisé dans la capitale dans un délai de 24 mois. - La wilaya n'a pas révisé son plan de circulation depuis une dizaine d'années. Pourquoi ? Le système de transport tel que nous le concevons est un tout : transport collectif, régulation, stationnement, etc. Le dernier plan de circulation de la capitale remonte à 2006. Le plan de circulation est inclus dans le système de gestion de la circulation. On est sur le point de lancer une étude pour le comptage du trafic au niveau des grands axes. L'étude, qui sera confiée au Bureau d'études des transports urbains (BETUR), filiale de l'Entreprise du métro d'Alger (EMA), nous permettra d'actualiser nos données. Elle concerne 16 axes routiers : la RN24, l'autoroute de l'Est, les rocades, etc. Les données recueillies, qui seront versées dans l'étude de la régulation, seront un outil d'aide à la décision. - Qu'en est-il du programme d'installation des feux tricolores qui fait du surplace ? 508 carrefours en tout seront dotés de feux tricolores. C'est beaucoup. Il y en a actuellement sept. Dans le cadre de la mise en place du système intelligent de gestion dynamique de la mobilité urbaine, tous les carrefours seront aménagés. Le système de régulation sera adaptatif : les feux ne seront pas régulés à partir du centre. L'information sur l'état du trafic remonte, elle est analysée, des instructions seront alors données pour canaliser localement la circulation. Actuellement, il y a un phasage prédéterminé des feux. En attendant la réalisation progressive de ces équipements (300 feux tricolores dans un premier temps), il faudra impérativement sensibiliser les automobilistes sur la circulation à ces endroits (carrefours).