La première rencontre a eu lieu samedi en présence de l'islamologue marocain Rachid Benzine, qui a dressé le portrait d'un Chebel «subversif face à l'islam fondamentaliste et identitaire». Il défendait «un islam libéral, un islam des lumières, en traitant toutes les questions taboues, liées notamment au corps. Mais en plus de sa pensée subversive, Malek Chebel faisait dans la vulgarisation du Coran», souligne notre confrère Akram Belkaïd. Avec la disparition de «cet immense écrivain et anthropologue qui a écrit 40 livres, c'est une grande perte pour la pensée et pour l'islam humaniste», regrette Fadila Mehal, conseillère municipale de la mairie de Paris XVIII. Cette dernière a affirmé qu'un espace public ou culturel parisien va bientôt porter le nom de Malek Chebel. En attendant, une fondation porte déjà ce nom, présidée par son fils, Mikaïl Chebel, ravi par l'hommage rendu à son père. «Il a participé à toutes les éditions du Maghreb des livres. Cet hommage est une manière de faire perdurer une tradition qui s'est installée entre lui et ce prestigieux Salon du livre. Ça fait chaud au cœur et ça nous encourage à porter le flambeau à travers la fondation qui lui est dédiée», déclare-t-il. En effet, la fondation Malek Chebel pour le savoir et la culture, récemment créée, se donne comme objectifs de «faire perdurer son œuvre et la compléter, car il reste quatre à cinq ouvrages à terminer. Et aussi défendre sa vision du monde à travers une lecture des événements et de l'histoire selon ses idées du vivre-ensemble et de tolérance». Toujours selon son président, cette organisation aura trois structures : un collège dédié aux études universitaires, qui fera des colloques et des conférences, un musée du Coran, où sera exposée une collection privée, un groupe de recherche universitaire, qui aura comme mission de terminer les œuvres. La seconde séquence hommage a eu lieu dimanche en présence notamment du poète Lounis Aït Menguellet. Le parcours atypique de l'entrepreneur Arezki Idjerouidène, fondateur du groupe GoFast, a été revisité à travers de nombreux témoignages, comme ceux de son fils Meziane et de son ami Lotfi Belhassine, entrepreneur franco-tunisien dans l'aviation civile. Connu pour être le grand mécène du Maghreb des livres, et d'une manière générale de la culture, c'est surtout Arezki l'homme, le montagnard kabyle, qu'a évoqué Aït Menguellet. «C'était très important pour moi d'être ici aujourd'hui, même si je ne suis pas un habitué des grands discours. Je lui dois bien ça. J'ai connu en lui, non pas le grand chef d'entreprise, mais l'homme modeste, sensible et humaniste. Il aimait la littérature et l'art, surtout qu'il était un sacré mélomane. Il aimait la chanson et il comprenait, ce qui n'est pas le cas de tout le monde», témoigne Lounis, un peu ému. Idjerouidène n'a jamais oublié d'où il vient. «C'était un grand humanitaire, très discret. Il nous a accompagnés dans plusieurs projets de solidarité, comme par exemple l'acheminement de médicaments vers l'Algérie», raconte encore l'auteur-interprète de Akwen ixdaε rebbi, chanson préférée du défunt.