Benyoucef Mellouk, le chasseur de harkis régulièrement harcelé par la police et la justice algériennes, doit se retourner dans sa chambre. L'arrière-petite-fille du bachagha Bengana a été reçue avec les honneurs par les officiels à Constantine. Jusque-là, pas de quoi faire la guerre mondiale, sauf que Feriel Furon a cru bon de publier un livre à la gloire du bachagha, édité en France, présenté au Maghreb des livres et arrivé en Algérie par avion. Jusque-là non plus, pas de problème, elle a le droit d'écrire ce qu'elle veut. Mais il faut savoir que ce bachagha, très connu à l'époque, avait fait allégeance sans aucune résistance à l'armée coloniale dès 1839, juste après la prise de Constantine, et fut rapidement nommé cheikh El Arab des Ziban. Jusque-là, pas de problème, nul n'est tenu d'être un héros. Sauf que ce même bachagha, pour se faire bien voir, a organisé de grandes traques contre les résistants algériens, l'histoire ayant retenu ces 900 oreilles coupées de rebelles qu'il a offertes aux officiels français contre de l'argent, officiels qui n'en revenaient pas d'autant de zèle. Le problème n'est pas dans cet homme qui a eu la vie qu'il a choisie, mais dans les tentatives de réhabilitation de son arrière-petite-fille qui a voulu dans son livre le faire passer pour un grand homme. L'historien Ali Farid Belkadi souligne qu'une partie de ces têtes et oreilles de résistants sont d'ailleurs encore entreposées dans un musée parisien sans que personne n'ait songé à les récupérer, ce qui a fait dire dernièrement à Ouyahia, actuel patron du RND et grand résistant, «qu'elles étaient mieux là-bas». Jusque-là encore, rien de grave. Où est le problème alors ? Il est d'inviter à Canal Algérie, chaîne publique, l'auteure blonde pour en faire la promotion. Même si en réalité, c'est certainement de l'incompétence, ajoutée à l'ignorance de ces télévendeurs qui n'ont jamais lu un livre d'histoire de leur vie. Blonda, elle écrit, n'est pas contre Bouteflika, c'est bon, djouwwez.