Des harkis, salués ici par Jean-Marie Le Pen «Vous êtes vraiment d'une incurie incroyable.(...) Vous êtes des sous-hommes! Rien du tout! Il faut que quelqu'un vous le dise! Vous êtes sans honneur. Allez, dégagez!» 11 février 2006, le maire socialiste de Montpellier résume l'affection de la France pour ceux qui ont combattu pour elle. Ces «anciens indigènes algériens» qui ont cru à la grandeur de la France au point de se battre contre d'autres «indigènes» comme eux, ont été ainsi récompensés par leur abandon puis leur marginalisation en France. Le 25 septembre 2016, François Hollande, pour des visées électoralistes«reconnaît les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France», en précisant que «telle est la position de la France». Cette déclaration est inacceptable en Algérie s'agissant de l'affirmation des massacres des harkis par des Algériens sans précision qu'ils se sont rendus coupables des pires atrocités. Que monsieur Hollande veuille pour sa stratégie électorale ratisser le réservoir potentiel des 500.000 harkis, grand bien lui fasse! Mais qu'il le fasse en attisant le feu en remuant le couteau dans la plaie encore sanguinolente de l'aventure coloniale cela ne passe pas! Pour rappel, le point d'orgue fut une chasse à l'Algérien pendant huit ans aidés en cela par des supplétifs dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ont fait du zèle voulant être plus royalistes, je veux dire plus tortionnaires que les tortionnaires en titre. On peut cependant trouver quelques circonstances atténuantes pour certains d'entre eux, notamment ceux qui ont été pris entre deux feux, celui de la révolution et celui d'une armée sans état d'âme. Le calvaire des harkis à leur arrivée mouvementée en France Un harki, désigne, au sens strict, un individu servant en Algérie coloniale dans une formation paramilitaire, une harka. Harki désigne par extension une partie des supplétifs (avec les mokhaznis, les groupes mobiles de sécurité (GMS), les groupes d'autodéfense (GAD) et les Unités territoriales Les «harkas», formations très mobiles, furent d'abord employées localement pour défendre les villages, puis constituées en commandos offensifs sous la responsabilité d'officiers français. Les harkis comme les autres supplétifs obtiennent le statut d'anciens combattants en France par une loi du 9 décembre 1974. Mais cette loi ne s'applique qu'aux supplétifs domiciliés en France. Ceux restés en Algérie attendront la décision du 23 juillet 2010 du Conseil constitutionnel pour que la qualité d'anciens combattants leur soit reconnue. Plusieurs dénominations furent utilisées pour discriminer financièrement entre les différentes catégories. Selon Wikipédia en France, harki est souvent utilisé comme synonyme de «Français musulmans rapatriés» (FMR) à partir de 1962, «Français rapatriés de confession islamique» (Frci) en 1970 ou «Rapatriés d'origine nord-africaine» (Rona) dans les années 1980. Aujourd'hui, deux termes se sont imposés: «FMR» et «harki», qui, selon les contextes, renvoient soit aux seuls. La France, en comptant les «pieds-noirs» européens, les juifs et tous les musulmans «loyalistes», aurait dû accueillir sur son sol 2,5 millions de personnes. Elle le fit tant bien que mal pour les pieds-noirs et les juifs d'Algérie, mais abandonna les autres. Seuls 42.500 harkis purent trouver refuge en France métropolitaine. Les harkis représenteraient en 2012 entre 500.000 et 800.000 personnes». (1) Au sein même de l'armée française, ils totalisent 63.000 hommes en décembre 1961. À côté de ces harkis il faut ajouter les soldats musulmans de l'armée régulière (appelés, engagés, militaires d'active, appelés aussi Fsna ou Français de souche nord-africaine) qui sont 85.000 en 1960. En mars 1962 selon le rapport français à l'ONU on dénombrait en Algérie, 263.000 musulmans engagés du côté français. (1) Après le 19 mars 1962, des massacres isolés sont dus à des règlements de comptes, des vengeances, mais aussi au zèle des «marsiens», ralliés FLN de la 25e heure De nombreux harkis furent également arrêtés et emprisonnés. La Croix-Rouge a estimé en 1965 à 13.500 le nombre de harkis incarcérés dans les prisons civiles ou militaires algériennes. Jean Lacouture, dans le journal Le Monde du 13 novembre 1962 donne, à cette date, une première estimation: «Plus de dix mille harkis auraient été, entre le 18 mars et le 1er novembre (1962) exécutés ou assassinés. L'historien Gilbert Meynier a déclaré dans une interview publiée dans le quotidien El Watan le 10 mars 2005 que les massacres avaient été moins importants et plus localisés que ce que déclarent certains journalistes comme Georges-Marc Benamou. Abderahmen Moumen et Fatima Besnaci-Lancou, dans Les harkis (éd. Le cavalier bleu, collection Idées reçues, août 2008, page 40), écrivent: «Peu d'historiens s'aventurent à donner des chiffres. Benjamin Stora avance, dans La guerre d'Algérie (1954-2004), la fin de l'amnésie (2004), une estimation entre 10.000 et 25.000 morts,». (1) La condition déplorable de ces combattants non reconnus La condition des harkis fut tragique, ils furent considérés comme des kleenex que l'on jette après les avoir compromis en les obligeant pour beaucoup à s'engager par la force ou à périr. À l'époque, les autorités françaises n'utilisent pas le terme de «rapatriement» mais de «transfert», les harkis étant considérés comme des réfugiés. Selon Philippe Denoix, «Louis Joxe, ministre d'Etat aux Affaires algériennes, adressa à l'armée une directive très secrète, le 12 mai 1962, menaçant de sanctions les militaires français qui organisaient le repli en métropole de leurs alliés musulmans en dehors du plan général de rapatriement», et ordonnant même le renvoi en Algérie des supplétifs débarqués en France.» La note en date du 25 mai 1962, dispose notamment: «Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront renvoyés en Algérie [...]. Il conviendra d'éviter de donner la moindre publicité à cette mesure [...]. Les promoteurs et les complices de rapatriements prématurés seront l'objet de sanctions appropriées.» En fait, en 1962, il n'existe aucun plan d'évacuation ni de protection des harkis et de leurs familles. On estime à 15.000 ou 20.000 le nombre de familles de harkis, soit 90.000 personnes, qui purent s'établir de 1962 à 1968. (1) Selon Guy Pervillé, De Gaulle voulait que les harkis restent en Algérie car, pour lui les harkis n'étaient en aucun cas de vrais Français. Le rapatriement de milliers d'Algériens constituait, à ses yeux, une menace pour l'identité nationale de la France. Peu après son retour au pouvoir, en 1958, de Gaulle se met à douter de l'intégration des musulmans d'Algérie qui était sous-jacente à la constitution de harkas. Ainsi, le 5 mars 1959, il se confie en ces termes à Alain Peyrefitte: «Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcher de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées!». (1) Au Conseil des ministres du 25 juillet 1962, peu après l'indépendance de l'Algérie, lorsque Pierre Messmer, ministre des Armées, déclare: «Des harkis et des fonctionnaires musulmans, les moghaznis, se disent menacés, d'où des demandes qui viennent à la fois des autorités civiles et militaires. Il faut prendre une position de principe», De Gaulle répond: «On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu'ils ne s'entendront pas avec leur gouvernement! Le terme de rapatriés ne s'applique évidemment pas aux musulmans: ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères. Dans leur cas, il ne saurait s'agir que de réfugiés! Mais on ne peut les recevoir en France comme tels que s'ils couraient un danger!». Le Premier ministre Pompidou ajoute alors: «Deux camps militaires ont été installés pour eux en métropole; ils sont submergés. Ces gens ne veulent pas travailler...» et de Gaulle conclut: «Il faut les mettre en demeure de travailler ou de repartir.» Et alors, selon Peyrefitte, «plusieurs ministres baissèrent la tête» (2). Le 31 janvier 1964, les préfets reçoivent du ministre des Rapatriés, François Missoffe une note où il est écrit: «Vous ne devez reloger les anciens harkis qu'après avoir relogé tous les rapatriés (c'est-à-dire les pieds-noirs) demandeurs de logement et particulièrement mal logés...» A dose homéopathique la Loi no 94-488 du 11 juin 1994, la République française témoigne sa reconnaissance envers les rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie pour les sacrifices qu'ils ont consentis. (1) L'épuration à l'endroit des collabos Sans faire dans la concurrence victimaire il est bon de rappeler ce que fut l'après-1945 en France. Dans l'histoire toutes les guerres ont leur lot de vaincus et de personnes qui ont été du mauvais côté de l'histoire. La collaboration en France (pour une période d'occupation allemande de quatre ans) a donné lieu à une épuration sans nom. Selon Dominique François, le chiffre de 20.000 tondues n'est qu'une estimation basse. Dès la Libération, un grand nombre de tontes ont lieu, le plus souvent pendant la Libération, parfois quelques jours après Le fait est général: on est certain que des tontes ont eu lieu dans plus de 77 départements, sur les 90 de l'époque.» (3) L'épuration à la Libération en France visait les personnes ayant collaboré avec les autorités d'occupation nazies. L'épuration extra-judiciaire entraîna la mort d'environ 9000 personnes dont un tiers par des résistants, notamment les FTP. L'épuration légale concerne plus de 300.000 dossiers, dont 127.000 entraînent des jugements et 97.000 condamnations, les peines allant de 5 ans de dégradation nationale à la peine de mort. Nous en sommes loin en Algérie il n'y a jamais eu jugement de «vérité et réconciliation» les massacres qui ont eu lieu ont été exagérés et ne sont en aucun cas décidés par le FLN où même la Force locale dépassée. Dans le même ordre de l'abjection c'est d'utiliser la mort à petit feu en affamant les prisonniers: «Jamais, lit-on sur le site égalité et réconciliation, autant de gens n'avaient été mis en prison. L'ampleur des captures faites par les alliés était sans précédent dans toute l'histoire. Les Soviétiques firent prisonniers quelque 3,5 millions d'Européens, les Américains environ 6,1 millions, les Britanniques environ 2,4 millions, les Canadiens environ 300.000, les Français environ 200.000. Dès que l'Allemagne capitula le 8 mai 1945, le gouverneur militaire américain, le général Eisenhower, diffusa un ́ ́courrier urgent ́ ́ Un officier de l'US Army qui lut cet ordre en mai 1945 a écrit que c'était ́ ́l'intention du commandement de l'armée, au sujet des camps de prisonniers de guerre allemands dans la zone américaine, de mai 1945 jusqu'à la fin de 1947, d'exterminer autant de prisonniers de guerre que possible tant que l'affaire se passerait sans contrôle international ́ ́. (...) Charles de Gaulle était très préoccupé par les problèmes de politique intérieure,... Le destin d'un million de prisonniers allemands ne pesait pas bien lourd dans la balance. (...) Les vivres ne manquaient pas, mais au lieu d'être distribués aux hommes qui avaient faim, ils étaient vendus par des officiers au marché noir, à la stupéfaction et à la consternation d'hommes honnêtes tels que le maire de Bascons, Raoul Laporterie, qui osa risquer sa carrière en critiquant le général de Gaulle, et eut effectivement à en pâtir. (...)» (4) Les manipulations électorales: les harkis réservoirs de voix Le 5 décembre 2007, Nicolas Sarkozy, président de la République française, reçoit les représentants des harkis à l'Elysée au retour d'une visite officielle à Alger. De même le 14 avril 2012, Nicolas Sarkozy alors candidat à sa succession, réitère sa promesse dans le camp de Rivesaltes, près de Perpignan: «La France se devait de protéger les harkis de l'Histoire, elle ne l'a pas fait. La France porte cette responsabilité devant l'Histoire. Il a reconnu. Nicolas Sarkozy a officiellement reconnu la responsabilité du gouvernement français dans «l'abandon» des harkis après la fin de la guerre d'Algérie en 1962. En fait, François Hollande réitère à son compte une promesse de Sarkozy, d'ailleurs reprise pour tout l'électorat de droite qui découvre ce faisant des Français tenus soigneusement à part pendant 54 ans. Toutes les politiques d'indigénat qui eurent lieu pendant la colonisation furent perpétuées par la suite en France à l'encontre de ces variables d'ajustement que sont devenus les Français musulmans ayant combattu pour la France. La situation n'est pas aussi tranchée, des harkis avaient aussi travaillé avec le FLN! Dalila Kerkouche, fille de harki, dans un livre pathétique, nous décrit le calvaire de son père, en fait de tous les harkis qui ont foulé le sol de France un matin de juillet 1962. Elle décide de revenir en Algérie pour comprendre ce qui s'est passé: «(...)Algérie: Atterrissage à Alger. Pour la première fois de ma vie, je vais poser le pied en Algérie, la terre de mes ancêtres [...] «Est-ce que ton père t'a raconté la guerre?» me demande mon cousin Tayeb. «Ton père travaillait avec le FLN...» Les traîtres ne sont pas ceux que l'on croit. Comme mon père, près de 40% des supplétifs, selon Michel Roux, ont aidé les djounoud [les combattants]. [...] Pourquoi tu n'as rien dit, papa?» «Je passais déjà pour un traître aux yeux des Algériens. Je n'allais pas encore l'être pour les Français!». (5) Les autorités algériennes n'ont pas encore réagi à la Déclaration de François Hollande mais La presse, elle, parle de dérapage «Ce n'est pas la première fois écrit Saïd Rabia que François Hollande parle des harkis et des pieds-noirs. Dans une interview accordée à France Culture en mai dernier, il avait soutenu que quand on parle du 19 mars, on sait (que) c'est la fin de la guerre d'Algérie, mais c'est aussi le début d'un certain nombre de massacres, dont les pieds-noirs ou les harkis ont été victimes. Selon maître Ali Haroun, contacté par El Watan et ancien membre du Conseil national de la Révolution algérienne (Cnra), en tant qu'Algériens, on n'a pas d'observation à faire sur la manière dont les harkis ont été accueillis en France dans des camps d'internement, ce sont des rapports franco-français. François Hollande sous-entend que les harkis ont été massacrés, là je dis que jamais l'autorité du FLN, en juin, juillet et août 1962, n'a autorisé ou invité les Algériens ou l'ALN à se venger des harkis. Au contraire. Jamais le FLN ou le GPRA[Gouvernement provisoire de la République algérienne] n'ont incité les Algériens à se venger de ceux qui ont aidé le colonisateur. [...] Ces dépassements sont spécifiques aux pays qui ont connu des révolutions [comme] ces villageois français qui s'en sont pris spontanément aux anciens collaborateurs nazis.» (6) En Algérie une lente évolution est en train de se faire des «erreurs à l'encontre des familles et des proches des harkis» et que «les enfants des harkis ne sont pas responsables des actes de leurs parents». Si ces descendants font leur part du feu, l'Algérie se devrait d'inventer un dialogue serein responsable dans le monde où nous vivons, nous avons besoin de lobbys. 1.Les Harkis Encyclopédie Wikipédia 2.Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle, Fayard, 1994, p. 196 3.https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_tondues 4.http://www.egaliteetreconciliation.fr/Malheur-aux-vaincus-21675.html 5. Dalila Kerchouche: Mon père, ce harki. Morceaux choisis L'Express du 04/09/2003. 6.S; Rabia http://elwatan.com/une/grave-derapage-de-hollande-26-09-2016-329416_108.php