La dernière session de l'assemblée populaire (APW) de Skikda, qui a été consacrée à la culture, aura été l'une des plus calmes pour ne pas dire carrément insipide. Le rapport établi à cet effet par la commission n'a suscité ni un débat d'idées, et encore moins un échange « culturel » entre les présents. Versant dans une optique beaucoup plus idéologique, le rapport n'a pas réussi à dépasser la vision très restreinte de la chose culturelle qu'il a limitée à un énoncé littéraire. Il ira jusqu'à insuffler insidieusement l'idée d'une « police de la morale » dans les cybercafés. Le rapport, scindé en trois volets et après un long prélude, commencera par l'état des lieux des infrastructures existantes. Un simple inventaire du patrimoine qu'il mentionnera en évoquant superficiellement les lacunes, manques et autres insuffisances qui minent certaines infrastructures. Pourquoi les six salles de cinéma — oui six ! — que compte la ville de Skikda, qui sont dans un état de délabrement assez avancé, sont-elles toujours fermées ? Pourquoi le conservatoire de Skikda est-il lui aussi fermé, et ce, depuis des lustres déjà ? Les réponses apportées dans le rapport sont trop évasives, sinon le rapport se contente d'avancer que « l'APC envisage de rénover ou de réhabiliter l'édifice pour une éventuelle exploitation ». Une réplique qui n'a cessé de se répandre, voilà déjà plus de quatre années. Par ailleurs et même si le rapport reconnaît la richesse archéologique de la wilaya de Skikda en dressant un tableau exhaustif des sites et autres monuments, il n'est pas revenu sur le fameux projet d'un musée de site à Collo et de son devenir. Dans son deuxième volet, le rapport est revenu sur le patrimoine culturel en recopiant l'inventaire établi par la direction de la culture et celle du tourisme. Aucune insinuation n'a été relevée quant aux sites reconnus comme étant de véritables joyaux à l'exemple de la Grande-poste, la Banque centrale ou d'autres lieux comme Zkak Arab ou Houmet Ettalyène qui représentent deux repères phares de Skikda. Au sujet des arts et métiers traditionnels, le rapport a versé beaucoup plus dans des généralités littéraires sans parvenir à cibler les métiers, les us et coutumes des régions de la wilaya. Les mêmes généralités ont ponctué les recommandations. Sur les onze recommandations, seules cinq ont vraiment versé dans la pratique, le reste s'assimile plutôt à des généralités qu'on peut recommander à n'importe quelle wilaya du pays sans pour autant sentir le moindre dépaysement. L'administration locale a profité de cette occasion pour énumérer elle aussi plusieurs projets qui devraient contribuer à rehausser le fait culturel. Ainsi, on apprendra que la wilaya de Skikda a bénéficié de pas moins de 36 projets de bibliothèques qui seront implantées dans les milieux urbains, semi-urbains et ruraux. Des orientations ont également été données pour que les quatre grandes daïras de la wilaya, Skikda, Collo, Azzaba et El Harrouch puissent déjà élaborer une fiche technique d'une fête locale dont le but est de garantir au minimum une semaine d'activité culturelle. La liberté d'innovation et de la programmation a été laissée aux initiateurs locaux. L'idée de créer un conseil consultatif culturel a également été proposée et semble bénéficier de l'adhésion des membres de l'APW.