Le camp républicain était sur la défensive, dimanche dernier, après la prestation jugée médiocre de George W. Bush lors de son premier débat avec John Kerry, sanctionnée par de bons sondages pour le démocrate, et face à une nouvelle attaque sur la faiblesse des arguments pour envahir l'Irak. La conseillère à la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, s'est efforcée, dimanche dernier, de minimiser des accusations du New York Times selon lesquelles le président Bush a attaqué l'Irak malgré de sérieux doutes sur l'existence de son programme d'armes nucléaires. Citant des sources au sein de l'Administration, le quotidien affirme que la Maison-Blanche avait été informée dès 2001 par le département de l'Energie que les tubes d'aluminium trouvés en Irak n'étaient probablement pas destinés à un usage nucléaire mais à la fabrication d'obus d'artillerie. M. Bush et plusieurs hauts responsables de son Administration, dont Mme Rice, avaient, malgré ces informations, utilisé ces tubes comme une des prétendues preuves pour justifier l'invasion de l'Irak en 2003, souligne le New York Times. “Ceci est inexact”, a déclaré Mme Rice sur NBC, ABC et CNN où elle est intervenue tour à tour. “À cette époque-là (2001), nous savions qu'il y avait des débats sur cette question dans la communauté du renseignement.” Mais “les agences dans leur ensemble, aussi bien que le directeur de la CIA, étaient convaincus que ces tubes étaient probablement destinés à la fabrication d'armes nucléaires”, a-t-elle insisté. Mme Rice a assuré “avoir appris plus tard que le département de l'Energie pensait que ces tubes pourraient être destinés à quelque chose d'autre”. Mais avant la guerre lancée en mars 2003, ni Mme Rice ni d'autres hauts responsables de l'Administration Bush, dont le vice-président Dick Cheney, n'avaient indiqué l'existence d'un tel débat sur la finalité de ces tubes d'aluminium, affirmant au contraire que le programme nucléaire de Saddam Hussein était une certitude. “Je pense que cela soulève de sérieuses questions”, a déclaré, dimanche dernier, sur la chaîne CBS Joe Lockhart, le porte-parole de la campagne de John Kerry. La révélation du New York Times porte un nouveau coup à la crédibilité de l'Administration sur le bien-fondé de la guerre en Irak et de sa politique étrangère en général à l'approche de deux débats importants, cette semaine, dans la campagne électorale Dan Bartlett, directeur de la communication de la Maison-Blanche, a, par ailleurs, implicitement reconnu que M. Kerry avait fait une meilleure performance que M. Bush lors du premier débat, jeudi dernier. “Il (Kerry) est un bon débatteur (car) il a débattu toute sa vie”, a-t-il déclaré, dimanche dernier, sur CBS, en ajoutant aussitôt qu'“il y a une différence entre avoir du style et marquer des points de rhétorique”. Les attaques lancées après le débat par les républicains pour affaiblir la crédibilité de John Kerry en matière de sécurité nationale révèlent également leur inquiétude. Un sondage du News Week fait même repasser M. Kerry devant M. Bush dans les intentions de vote. Le président Bush tente ainsi de monter en épingle une petite phrase prise hors contexte de son rival lors du premier débat dans laquelle il disait que toute action militaire préventive des Etats-Unis devrait “réussir le test international”. M. Bush et son entourage répètent que M. Kerry “donnerait aux gouvernements étrangers un veto sur nos décisions en matière de sécurité nationale”, ce que réfute le sénateur du Massachusetts (Nord-Est). R. I..