Pour constituer sa supercagnotte de 550 millions de dinars, l'Apw d'Alger a choisi la voie la plus rapide et la plus sûre. En effet, la commission des finances de l'assemblée, à qui a été confiée cette mission, a décidé mardi dernier, lors d'une réunion spéciale, d'aller puiser directement dans les budgets alloués à des projets de wilaya. Une cagnotte qui ira à 25 communes, dites déshéritées de la capitale qui bénéficieront ainsi de ce financement « inespéré ». Cette opération intervient, il faut le souligner, à une année de la fin du mandat de l'assemblée, et à la veille de rendez-vous électoraux cruciaux. Le timing choisi et le procédé utilisé pour réunir les fonds de la cagnotte ont apporté davantage d'eau au moulin des élus, réputés opposants, à temps plein ou partiel. La méthode utilisée ne recèle pas, selon Ferrah Mohand Areski, élu FFS, des trésors d'ingéniosité. Effectuer des prélèvements sur les enveloppes allouées aux projets de la wilaya reviendrait à compromettre leur bonne marche. Ferrah, comme à son accoutumée, ne fera pas dans la dentelle. Pour lui, il s'agit tout bonnement d'une opération électoraliste, sorte de dernier baroud d'honneur pour une assemblée qui souhaiterait terminer en beauté, avec en prime un beau rôle après des années d'effacement. Mahrouk Farid, du parti El Islah et membre de la commission des finances, tout en n'écartant pas l'existence d'une arrière-pensée électoraliste, se voudrait plus ou moins positif. Ce qui a été fait par la commission consiste, selon son témoignage, au captage des budgets non consommés, les projets gelés… pour pouvoir les utiliser ailleurs et aider les communes défavorisées, par exemple, à reprendre leurs réseaux routiers défectueux. Certaines affectations demeurent, d'après M. Mahrouk, néanmoins « douteuses ». Il donnera, pour exemple, l'affectation d'un milliard de centimes à la réfection et à l'expansion de la mosquée d'El Maquaria. Même opinion chez M. Mimoun, élu RND et membre de la commission des finances, qui en plus des « calculs électoralistes », suspecte l'existence « d'intérêts personnels » chez les commanditaires de cette opération. « On nous dit que ce sont les communes déshéritées qui seront bénéficiaires de cette cagnotte, or que fait une commune comme Bir Mourad Raïs avec son ratio de 9000 da par habitant, alors qu'il a été décidé que seules les communes avec un ratio faible allant de 539 da à 4600 par habitant sont éligibles à l'aide de l'Apw », s'interroge-t-il. Il fera également remarquer que la procédure réglementaire n'a pas été respectée. « Les requêtes des Apc portant définition des besoins en infrastructures ont atterri à la commission des finances sans passer par les voies classiques », rapporte l'élu. Et d'ajouter que « la commission n'avait à sa disposition que des devis et des fiches techniques et pas des études approfondies pour lui permettre de statuer sur les moyens financiers à accorder à tel ou tel projet ». Le tout a été expédié en quelques heures et en l'absence de plus de la moitié des membres de la commission qui en compte 15 membres. Reste que la décision la plus étonnante, prise par la commission pour pouvoir réunir la somme voulue, est de mettre la main sur une enveloppe de 100 millions de dinars réservée au règlement des dettes de la wilaya, contractées auprès des entreprises, privées en majorité. Entreprises qui attendent depuis des années que l'Etat daigne enfin honorer ses créances. C'est le cas notamment de beaucoup d'entrepreneurs engagés à la hâte sur les chantiers de la réhabilitation des immeubles de la capitale, endommagés par le séisme du mai 2003 qui, faute de paiement, ont mis la clé sous le paillasson.