Djamel Ould Abbès a rencontré, lundi dernier, les sénateurs du parti dans son bureau du Sénat. Lors de cet aparté, le chef du parti a demandé à chacun d'entre eux de lui brosser un tableau de la situation du parti dans leurs wilayas respectives, puis leur a soumis une liste de candidats potentiels pour les législatives du 4 mai, en leur demandant leur avis. «Il avait des listes sous les yeux, raconte un sénateur FLN qui a été sondé par Ould Abbès. Il voulait notre avis et notre analyse sur la situation du parti dans les wilayas.» Cette invitation intervient alors que dans certaines wilayas, les militants n'hésitent pas à exprimer publiquement leur désaccord avec les décisions prises par le secrétaire général. Ainsi dans la wilaya de Boumerdès, les militants refusent le parachutage de Moussa Benhamadi comme tête de liste FLN et l'ont fait savoir au sénateur Nacer Benebri. Un temps annoncé dans le fief familial de Bordj Bou Arréridj pour un duel contre son frère Smaïl, tête de liste RND, le conseiller à la communication du secrétaire général a été poussé vers Boumerdès. Sur les raisons de cette décision, certains cadres du parti avancent le refus de M. Ould Abbès de faire de Bordj Bou Arréridj l'épicentre de ces législatives, et éviter une «confrontation» directe avec le RND. «Il ne voulait pas d'un duel frontal contre le RND et entre deux actionnaires de l'entreprise Condor», affirme un proche du patron du parti sous le couvert de l'anonymat. Il n'empêche, malgré les garanties de transparence données par le secrétaire général lors de l'installation des 26 membres de la commission nationale de candidature, la direction du parti s'attend à affronter une vive contestation dès l'annonce des listes pour les législatives. Dans la presse, depuis quelques jours, certains militants ont pris les devants et se sont offerts des encarts publicitaires pour dénoncer leur exclusion ou pour réclamer l'intervention du patron du parti. C'est le cas de militants de la kasma de Sig, qui annoncent, dès à présent, rejeter la candidature du président de la commission transitoire de la mouhafadha de Mohammadia qui aurait eu recours à des méthodes «antistatutaires» pour se présenter. Dans un autre encart, un militant de Souk Ahras se demande si le discours de vérité de Djamel Ould Abbès contre la «chkara» n'est pas un «rideau de fumée». «Quels sont les critères pris en compte pour se porter candidat ?» se demande Abdellah Chafai, qui se présente comme architecte et expert international dans la gestion des secours lors des séismes. Le secrétaire général est également confronté à l'épineuse question de la tête de liste dans la capitale. Un temps annoncé comme probable, la candidature du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est aujourd'hui enterrée. Par la suite, c'est l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia, qui a été évoqué, mais le feu vert de la Présidence se fait attendre. M. Harraoubia a maintenu sa candidature à Souk Ahras. Aujourd'hui, c'est le président sortant de l'APN, Larbi Ould Khelifa, qui serait pressenti, comme en 2012, pour diriger la campagne du FLN dans la capitale. Pour se prémunir contre toutes critiques, Djamel Ould Abbès a annoncé que le choix de la tête de liste dans la capitale «n'est pas de son ressort».