Le groupe Industries métallurgiques et sidérurgiques (Imetal) a lâché le complexe sidérurgique Sider El Hadjar, à l'arrêt depuis plus d'une année, avant de le placer sous le giron du groupe Sider. Ce dernier, quant à lui, a été «délesté» de pratiquement tout son patrimoine et a révisé à la baisse son capital social. C'est ce que révèle le contenu du procès-verbal (PV) de l'assemblée générale extraordinaire du groupe Sider, tenue au siège du groupe Imetal à Alger, le 31 décembre 2016. Selon la résolution n°3 de ce document, dont El Watan détient une copie, «l'Agex de l'EPE Sider Spa prend acte du transfert à titre gracieux de 49%, représentant 807 963 actions d'une valeur nominale de 15 385 DA et d'une valeur comptable nulle détenue par le groupe Imetal dans le capital de la société Sider El Hadjar au profit du groupe Sider». Parmi le patrimoine du groupe Sider, transféré en propriété au groupe Imetal, un terrain de 4,2 hectares situé à Hydra (Alger), dont la valeur est de 3,85 milliards de dinars. A cela, il faut ajouter les actions détenues dans les filiales Feraal et Refractal et de EGSH, totalisant une valeur de plus de 4,24 milliards de dinars. Un coup très dur pour l'entreprise qui a suscité l'ire dans le milieu des syndicalistes tout autant que dans celui des administrateurs au complexe sidérurgique d'El Hadjar. Une colère attisée par la récupération par Imetal des actions du groupe Sider, détenues dans la société algéro-qatarie (AQS) de Bellara (Jijel). Que reste-t-il dans le portefeuille du groupe Sider, auquel on a restitué l'entreprise TSS, en difficulté financière suite à l'absence d'un carnet de commande ? «D'un côté, Imetal jette le complexe d'El Hadjar, et de l'autre récupère sa participation à AQS. Très convoité, son patrimoine à forte valeur, notamment le terrain de Hydra, fait actuellement le bonheur des dirigeants d'Imetal. Et si les filiales Feraal et Refractal et de EGSH seront certainement liquidées, il n'en reste pas moins que le terrain de Hydra sera transformé en vulgaire projet immobilier. Faut-il rappeler que les infrastructures bâties sur ce terrain généraient des ressources financières importantes pour le groupe à travers leur location aux entreprises nationales et étrangères», dénoncent les syndicalistes de l'usine d'El Hadjar. Et de relever : «Depuis l'arrivée d'Ahmed Yazid Touati, un retraité de Batimetal, à la tête du groupe Imetal, notre situation ne cesse de se dégrader.» En effet, pour des raisons qu'on ignore, le groupe Imetal a toujours été géré, depuis sa création, par des cadres dont la compétence relève exclusivement du bâtiment. Il s'agit de Talai Boudjema, Kamel Djoudi et l'actuel PDG, Touati Ahmed Yazid. Leur incompétence dans le domaine a fait que depuis le 7 octobre 2015, l'usine est à l'arrêt. Parallèlement, l'Etat continue à injecter l'argent du contribuable dans un investissement à l'avenir incertain. Il a fallu attendre donc près de 18 mois et débourser plus d'un milliard de dollars pour assister aux essais du redémarrage du haut fourneau (HF), sans être sûr du résultat. Et c'est le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui présidera demain la cérémonie de cet exploit, en marge de la tripartite organisée à Annaba. Devant cette intenable situation, des cadres de Sider El Hadjar crient et interpellent le Premier ministre pour diligenter une expertise légale qui sera assurée par l'Inspection générale des finances (IGF). «Elle portera sur l'utilisation des fonds publics au complexe d'El Hadjar, ainsi que sur l'efficience et la légalité de la restructuration du secteur de l'industrie», insistent-ils. Force est de rappeler qu'avant de quitter définitivement l'Algérie, la filiale algérienne du groupe ArcelorMittal a laissé derrière elle une dette de plus de 8,28 milliards de dinars. Datant d'avant 2016, cette importante «ardoise» représente 35% du passif courant du complexe sidérurgique d'El Hadjar. Et si l'entreprise Sider El Hadjar est déficitaire de 12,7 milliards de dinars, il n'en demeure pas moins que le groupe Imetal, dont elle n'est plus une filiale, présente également un résultat déficitaire de 14,5 milliards de dinars. C'est ce que confirme le procès-verbal de l'assemblée générale ordinaire (AGO) du 17 octobre 2016 du groupe Imetal, dédiée à l'examen des comptes sociaux de l'exercice 2015. Il a été également abordé dans la résolution n°10 de ce PV le recours au recrutement des cadres retraités : «L'AGO de l'EPE Imetal rappelle les dispositions de l'instruction du Premier ministre relative à la retraite et mande le conseil d'administration à l'effet de surseoir à tout recrutement ou renouvellement de contrats de retraités au niveau du groupe et ses filiales. Le recours au recrutement des cadres retraités est à titre exceptionnel et doit d'abord requérir l'accord préalable du ministère de l'Industrie et des Mines.» Abdelmalek Sellal et son ministre de l'Industrie et des Mines n'ignorent certainement pas que le PDG d'Imetal, Ahmed Yazid Touati, est un retraité de Batimetal. Au moins trois autres cadres retraités sont actuellement en exercice dans ce même groupe. Les 27 filiales d'Imetal sont également concernées par ce recrutement «à titre exceptionnel», devenu pratiquement une règle.