Le choix de la candidature de Ferroukhi aurait été décidé par la Présidence. Au terme de 24 heures mouvementées, le FLN a désigné Sid Ahmed Ferroukhi pour mener la liste du parti à Alger. Une décision d'autant plus étonnante, car l'intéressé n'avait pas déposé de dossier de candidature, et il n'a jamais été militant du parti. Par contre, l'ancien ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche était connu pour ses liens avec le… MSP. Tout s'est joué dimanche 5 mars, vers 17h, quand M. Ferroukhi reçoit un appel lui enjoignant de se rendre immédiatement à l'hôtel Moncada, où le secrétaire général du FLN et les 26 membres de la commission de candidatures ont pris leurs quartiers depuis deux semaines. «En arrivant, on lui a annoncé sa candidature comme tête de liste à Alger, raconte un membre du bureau politique qui a assisté à la scène. Sa nomination est le fait du prince.» En langage courant, cela veut dire que le choix a été décidé par la Présidence. A El Mouradia, on avait également envisagé l'option Mohamed Ali Boughazi, proche conseiller du président Bouteflika et dont les Algériens ont découvert le visage depuis qu'il prononce ses discours. Déjà en 2012, le nom de ce docteur en mathématiques et militant d'Ennahda avait circulé pour occuper les postes de Premier ministre ou de président de l'APN. Et pour Abdeslam Chelghoum, membre du comité central et actuel ministre de l'Agriculture, dont le nom était sur toutes les lèvres pour mener la bataille à Alger, sa candidature a fait pschitt samedi. «La Présidence n'en voulait pas, affirme un membre du comité central. Il est trop marqué par sa proximité avec Amar Saadani et il traîne des casseroles qui font trop de bruit.» A la suite de cette annonce, certains cadres du parti tentent de faire contre mauvaise fortune bon cœur et soulignent la droiture et l'honnêteté de celui qui a été intronisé dans la capitale. «Il est au moins connu pour sa probité», affirme un cadre du parti joint par téléphone. Une allusion au parcours sans faute de celui qui, alors qu'il était secrétaire général au ministère de l'Agriculture, avait tenu tête à ceux qui le poussaient à mettre un terme à l'enquête diligentée par ses services au sujet des 1700 milliards détournés, affaire dans laquelle auraient été impliqués l'ancien secrétaire général du FLN, Amar Saadani, et Abdesselam Chelghoum, actuel ministre de l'Agriculture, qui était directeur général de l'OAIC à l'époque des faits. Amar Saadani ne lui pardonnera jamais son entêtement et le lui fera payer quelques années plus tard, alors qu'il était à la tête du ministère de l'Agriculture. Lors d'une émission politique de la Radio nationale, l'ex-secrétaire général du FLN l'a accusé de gérer son secteur d'une manière «archaïque» et semblable à ce qui se faisait du temps de la «révolution agraire». En installant l'ancien ministre de la Pêche comme tête de liste à Alger du premier parti d'Algérie, ses initiateurs le destinent très probablement à se faire élire comme le futur président de l'APN. Depuis de nombreuses années, la tête de liste dans la capitale est une voie royale pour occuper le perchoir de l'Assemblée. Cela a été le cas en 2007 avec Abdelaziz Ziari, puis en 2012 avec Mohamed Larbi Ould Khelifa.