L'appel lancé par le wali de Constantine aux commerçants le 6 novembre suscite déjà de vifs débats. La question qui a été au menu du forum de la radio Cirta FM, mercredi dernier, a révélé aussi des chiffres qu'ils font bien disséquer. Il y a lieu de savoir que 33 000 commerçants (toutes activités confondues) exercent sur le territoire de la wilaya, dont 22 000 pour la seule commune - ville de Constantine. Le nombre de commerces au centre-ville est de 12 500, calculé dans un rayon d'un kilomètre à la ronde, soit plus de 4000 commerçants au kilomètre carré, lequel centre-ville constitue un espace qui concentre 70% de la circulation piétonne. On comprendra aisément l'importance de l'initiative du wali qui veut redonner du lustre à la ville, mais en face, on retiendra des réticences chez les commerçants. L'UGCAA, qui n'a pas manqué de rappeler son statut de syndicat, a affiché « entre les lignes » son scepticisme vis-à-vis de l'opération même si le discours officiel apporte, du moins dans sa forme, un soutien au wali. Bien des choses ont été dites sur les craintes de ces commerçants qui ferment à 15h au R'cif et à 17h à la rue Larbi Ben M'hidi, avec aussi ce sentiment d'insécurité chez le citoyen qui décampe dès la tombée de la nuit. La question des enseignes lumineuses est restée en suspens. Sur toutes les artères du centre-ville, les commerces qui ne respectent pas l'obligation d'installer une enseigne en néon sont nombreux. L'absence des services de contrôle laissera place à une anarchie qui dure. Le problème des transports est l'autre point noir évoqué par les concernés dans une ville où le simple citoyen banlieusard éprouve les pires difficultés à rejoindre son domicile. Autre chose : le manque terrible d'animation culturelle dans une ville déserte fait que les familles restent casanières. Les commerçants sont toujours réticents à l'idée d'ouvrir après 20h. Faut-il faire appel aux commerçants chinois pour animer la ville ? Certains mettront cela sur le compte des habitudes propres aux Constantinois et qu'il faudra du temps pour changer. En laissant un temps de maturation pour les idées des uns et des autres, la balle reste dans le camp des autorités de la ville qui auront le soin de bien revoir la chose en matière de sécurité et de transport, pour ne pas mettre la charrue avant les bœufs.