Dans son discours prononcé à Béjaïa, devant une salle moyennement remplie, Ali Benflis s'est contenté, comme à l'accoutumée, de critiquer le bilan de 17 années de règne du régime de Abdelaziz Bouteflika sur le pays et l'impasse politique qui s'est installée. Attendu pour s'exprimer sur le scrutin du 4 mai prochain, le président de Talaie El Houriet, Ali Benflis, qui a animé hier un meeting populaire dans la ville de Béjaïa, s'est abstenu de parler des prochaines joutes électorales, que son parti a décidé de boycotter. Les seuls mots sur les élections législatives auxquels l'assistance a eu droit sont ceux contenus dans la déclaration de la fédération de Béjaïa du parti, dans laquelle cette dernière fustige, entre autres, «la mainmise de l'appareil politico-administratif sur la gestion des processus électoraux» à travers l'installation d'une instance de surveillance des élections. Dans le même document, distribué peu avant le début du meeting, la fédération s'en est pris également aux partis qui ont opté pour la participation, se demandant «de quelle crédibilité peuvent se prévaloir les participationnistes qui cautionnent cette fourberie et qui valideront par la suite toutes les lois scélérates qui leur seront présentées». Dans son discours prononcé dans la salle Bleue à Béjaïa, devant une salle moyennement remplie, Ali Benflis s'est contenté, comme à l'accoutumée, de critiquer le bilan de 17 années de règne du régime de Abdelaziz Bouteflika sur le pays et l'impasse politique qui s'est installée. «Jamais le pays n'a connu une telle concomitance de crises auparavant», a-t-il lancé d'emblée, avant de noter que cette situation constitue «un danger exceptionnel» pour l'Algérie. Ce danger vient notamment, a-t-il dit, de l'affaiblissement des institutions et l'absence d'un projet politique et d'une bonne gouvernance. «Avant, quand des crises surgissaient, il y avait des institutions fortes et des cadres responsables qui rassuraient les Algériens. Or, on voit aujourd'hui que la crise politique et économique est ignorée, les institutions sont complètement sclérosées et affaiblies, avec des responsables paniqués et distraits, sans projet politique à même de répondre aux aspirations des Algériens», assène l'orateur. Poursuivant son réquisitoire contre les gouvernements successifs des 17 dernières années, l'orateur a égrené, une à une, les promesses faites au peuple mais non tenues. «On nous a promis le respect des libertés, on ne constate que répression et verrouillage. On nous a promis la pleine citoyenneté, force est de constater que cette dernière est monopolisée par une infime caste de privilégiés. On nous a promis la démocratie et l'Etat de droit, nous ne voyons que mainmise et domination. On nous a promis un décollage économique, après 4 mandats, 17 ans de règne et 800 milliards de dollars dépensés, nous en avons une économie effondrée. On nous a promis une société stable, il n'y a aujourd'hui qu'une succession de chocs, de la précarisation, du régionalisme, de l'individualisme», a-t-il cité en substance. Ali Benflis nomme cette crise multidimensionnelle : il s'agit de ce qu'il a appelé «la crise-mère», entendre l'impasse politique. Pour lui, pour sortir de cette crise, «il n'y a pas de solution clés en main». Adepte d'un changement radical du système de gouvernance, le président de Talaie El Houriet dira que «le changement est impératif, et il viendra de la modernisation du champ politique, du renouveau économique et de la réforme sociale». Se disant contre la violence, il prônera «un changement par le dialogue sans exclusion, progressif et pacifique». Par ailleurs, l'orateur a condamné «l'escalade dans la répression» qui s'abat sur les militants, les syndicalistes et autres, dénonçant au passage l'interdiction récemment à Aokas des conférences de l'écrivain Larbi Ahyoun et du professeur Younès Adli sur la pensée kabyle.